La rentrée, avant la rentrée

Des milliers d’élèves vont regagner les bancs de l’école dès lundi pour des stages de révisions.
Des milliers d’élèves vont regagner les bancs de l’école dès lundi pour des stages de révisions. © MAXPPP
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et Noémie Schulz , modifié à
Des milliers d’élèves vont regagner les bancs de l’école dès lundi pour des stages de révision.

Fini les grasses matinées pour des milliers d’écoliers, de collégiens et de lycéens. Une semaine avant la rentrée scolaire, ils vont participer à des stages de révision. Le principe est simple : un cours de deux à quatre heures par matière est organisé avec un professeur avec un groupe d’élèves restreint, généralement compris entre cinq et huit jeunes. Au programme : maths, français, anglais ou encore cours de méthodologie. C’est au choix.

De plus en plus d’inscrits

Cette année, ces cours connaissent un succès grandissant. Les entreprises privées, qui organisent ces stages de pré-rentrée, ont enregistré une fréquentation en progression de 10% à 15%. Certaines enseignes affichent même jusqu’à 30% d’élèves en plus pour cette dernière semaine de vacances.

Le coût de ces stages de préparation de rentrée n’est visiblement pas un frein. Les parents doivent débourser entre 250 et 450 euros pour des cours de niveau primaire et jusqu'à 1.000 euros la semaine pour un stage intensif pour un lycéen. Des dépenses importantes d’autant que ces stages ne sont pas défiscalisés comme les cours à domicile.

"Ça aidera les enfants à se remettre dans le bain"

Comment expliquer ce succès ? Il y a certains parents qui choisissent d’inscrire leurs enfants pour avoir la paix avant la rentrée scolaire. C’est le cas notamment de la famille Villedey, qu’a rencontrée Europe 1. "Les devoirs de vacances sont toujours la croix et la bannière", assure la maman, Géraldine. Et d’ajouter : "quand on a quelques semaines de congés par an, on n’a peut être pas envie de passer trois semaines à faire passer des devoirs de vacances à ses enfants quand on est avec eux".

Pour elle, qui a dépensé à deux reprises 500 euros pour Paul qui entre en CM2 et Gabriel qui entre en 6e, "c’est bien de faire porter à des profs et à des spécialistes le fait de faire des devoirs de vacances. Ça aidera toujours les enfants à se remettre dans le bain".

La crise à l’origine de ce succès

Le succès de ces stages ne s’explique pas uniquement par une simple remise à niveau souhaitée par les parents. D’après les spécialistes de l’éducation, il y a une raison plus profonde liée à la crise : la crainte de l’échec scolaire. C’est ce que confirme notamment Sébastien Sihr, du syndicat d'enseignants SNUIPP et interrogé par Europe 1, pour qui "la période de crise n’aide pas à être plus serein".

"Les parents mettent la pression" :

Les pédopsychiatres ne voient pas d’un très bon œil ces stages de pré-rentrée. C’est ce qu’explique sur Europe 1 Patrice Huerre, spécialiste de l'adolescence, pour qui déléguer l’apprentissage aux professionnels n’est pas une bonne solution pour le pédopsychiatre. Et de détailler : "les parents ont totalement tort s’ils estiment qu’ils ne sont pas compétents pour transmettre un certain nombre de choses".

"Ce qui va stimuler l’apprentissage de l’enfant pendant l’année scolaire, c’est sa motivation et sa curiosité", assure Patrice Huerre. Selon lui, ce sont les parents qui doivent mettre en place les bonnes conditions pour que leurs enfants aient "envie d’apprendre". Le pédopsychiatre insiste : si les parents agissent ainsi, "on va avoir des découragements d’un certain nombre d’enfants qui ne vivent plus l’apprentissage comme une occasion de découvrir des choses nouvelles, mais comme une contrainte. Je pense qu’on fait fausse route".

Quoi qu’il en soit, stage de préparation ou non, il est nécessaire de reprendre un bon rythme avant la rentrée. Patrice Huerre conseille aux parents de coucher les enfants plus tôt et de limiter les grasses matinées. Autre recommandation : encourager les enfants à reprendre contact avec leurs copains ou encore, pour les plus grands, réfléchir à une nouvelle organisation de travail.