La hiérarchie de Kerviel se dédouane

© REUTERS
  • Copié
Hélène Favier (avec Reuters) , modifié à
"Je ne connaissais pas forcément le vocabulaire des traders", a expliqué son supérieur direct.

Leur travail consistait à encadrer des traders. Et pourtant, lundi, à la barre, les anciens supérieurs hiérarchiques directs de Jérôme Kerviel ont expliqué qu'ils ne comprenaient pas véritablement le fonctionnement de l'unité de l'ex-trader et ne pouvaient donc la contrôler efficacement.

Un supérieur méconnaissant le "trading"

"Je n'avais ni les moyens ni la connaissance pour le faire. Je ne connaissais pas forcément le vocabulaire des traders", a raconté Eric Cordelle au neuvième jour du procès. Cet ancien cadre de la Société générale, supérieur direct de Jérôme Kerviel, a été licencié par la banque à la suite du scandale qui avait mené à une perte de 4,9 milliards d'euros. Ce dernier a par ailleurs assuré qu'il n'a jamais réalisé que Jérôme Kerviel dépassait les limites.

En plus de trois heures de témoignage, Eric Cordelle, polytechnicien, grand, mince, costume gris clair, a aussi confié qu'il ne connaissait rien au "trading" lorsqu'il avait pris en avril 2007 la direction du service dans lequel travaillait Jérôme Kerviel, le "desk Delta One".

"Un manipulateur et un menteur"

"Jérôme a toujours su trouver des raisonnements, des explications convaincantes. Il mentait du début à la fin et chaque fois qu'il disait quelque chose, c'était crédible", a ajouté Eric Cordelle, déposant comme témoin.

Les autres supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel ont tenu un discours similaire, affirmant avoir été bernés par l'ancien trader. Le dernier témoin appelé, Luc François, 47 ans, a ainsi accusé : "Jérôme Kerviel est un tricheur, un manipulateur et un menteur".

"De qui se moque-t-on?"

"De qui se moque-t-on?", a répliqué Olivier Metzner, l'avocat de Jérôme Kerviel, en évoquant les multiples services qui disent n'avoir "rien vu". "Il y a eu des licenciements et des démissions, et vous dites que rien ne s'est passé d'anormal, que tout est de la faute de Jérôme Kerviel ?", s'est-il emporté.

Assis à sa place habituelle, costume et cravate sombres, Jérôme Kerviel a esquissé ici et là un sourire, seule réaction notable aux déclarations de ses anciens chefs. Interrogé par le tribunal, ce dernier a par ailleurs estimé que ses supérieurs auraient eu une toute autre réaction s'il avait continué à gagner de l'argent : "Je suis convaincu que je ne serais pas en face de vous aujourd'hui", a-t-il lancé.