La cigarette électronique cartonne dans les lycées

En l'absence d'un statut clair, les chefs d'établissements du secondaire sont contraints d'improviser face aux élèves adeptes de la cigarette électronique.
En l'absence d'un statut clair, les chefs d'établissements du secondaire sont contraints d'improviser face aux élèves adeptes de la cigarette électronique. © MAXPPP
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avec Marguerite Lefebvre et Fabien Cazeaux , modifié à
ENQUÊTE - Les proviseurs s'inquiètent de l'essor de la e-cigarette dans le secondaire. Un essor non réglementé et parfois soutenu par les parents.

La mode s'installe. "Je fume pas monsieur, je 'vapote'!" Que peut répondre un directeur de lycée face à cela ? En l'absence d'un statut clair, les chefs d'établissements du secondaire sont contraints d'improviser face aux élèves adeptes de la cigarette électronique. Car même si elle reste interdite aux mineurs en France, la mode s'installe.

"C'est très bien, ça a beaucoup de goût et c'est bon pour la santé", se vante ainsi au micro d'Europe1 Antoine, lycéen parisien qui "vapote" avec ses camarade à chaque sortie de classe, et parfois même pendant.

D'abord l'e-cigarette, ensuite la cigarette. Chargée en nicotine, l'e-cigarette peut pourtant conduire les élèves, et notamment les mineurs, a contracter une addiction. La première fois que Romain a fumé, c'était une cigarette électronique... achetée le jour de ses 14 ans. "C'était rigolo. Aujourd'hui je fume cinq cigarettes (normales) par jour", confie-t-il. Du coup, les proviseurs tentent tant bien que mal d'empêcher la "vapeur" de se propager dans leurs établissements.

Si les élèves vapotent, Michel Richard, proviseur dans un collège de Versailles et membre du Syndicat national des proviseurs, applique la même "jurisprudence" que pour les téléphones portables utilisés de façon intempestive. "On leur confisque leur cigarette électronique et on prévient les familles", raconte-t-il au micro d'Europe1."Certaines familles arrivent dans le quart d'heure et découvrent même que leur enfant a acheté une cigarette électronique, dont le coût s'élève pourtant à plus de 50 euros", poursuit-il.

Un manque d'études scientifiques. "La cigarette électronique, une porte d'entrée vers le tabac ? Non, ça veut dire qu'ils ont essayé la cigarette électronique, mais ils ne sont pas forcément des consommateurs réguliers ! Mais ça les intéresse ! Est-elle addictive ? On ne le sait pas. On attend des études", tempère Agnès Delrieu, médecin tabacologue, chargée de mission à l’Office Français de Prévention du Tabagisme, au micro d'Europe 1.

"L'e-cigarette pourrait agir comme un patch"par Europe1fr

Les parents trop tolérants ? Mais tous les parents ne découvrent pas la nouvelle pratique de leurs enfants par un coup de fil de l'établissement. Certains en sont bien conscients, voire cautionnent le "vapotage". Benjamin tient une boutique de cigarettes électroniques. Il voit défiler des lycéens mais surtout des parents, qui viennent avec leurs ados. "Les parents sont souvent des fumeurs et ils savent qu'ils ne feront pas arrêter leurs enfants en leur disant d'arrêter. Du coup, ils pensent à la cigarette électronique", témoigne ce vendeur.

La loi attendue "avec impatience. "Nous attendons avec impatience la loi qui va interdire l'e-cigarette dans tous les lieux publics", insiste donc Michel Richard, soucieux d'enrayer cette nouvelle mode. En attendant, de nombreux proviseurs promettent d'inscrire l'interdiction de la cigarette électronique dans leurs règlements intérieurs d'ici la fin de l'année. De son côté, le ministère dit suivre le sujet de près, sans pour autant envisager de directive nationale pour le moment.

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