La carte musique fait pschitt

La carte musique jeunes a notamment souffert d'une campagne de communication maladroite.
La carte musique jeunes a notamment souffert d'une campagne de communication maladroite. © MaxPPP Marlène Awaad
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Lancée il y a un an, cette carte destinée aux 12-25 ans n'a pas rencontré le succès escompté.

L'idée semblait bonne sur le papier. Avec la carte musique lancée il y a un an, le gouvernement entendait promouvoir le téléchargement légal. Dédiée aux jeunes de 12 à 25 ans, elle permet à ceux qui le souhaitent d'acheter pour 50 euros de musique sur une plateforme légale en n'en déboursant que la moitié. Les 25 euros restant sont pris en charge par le gouvernement. Cette offre figurait parmi les propositions formulées par la mission Zelnik en début d'année et avait été reprise à son compte par Nicolas Sarkozy.

Sauf que le succès n'est pas en rendez-vous : le gouvernement entendait se limiter à un million d'exemplaire, mais il n'en a pour l'instant écoulé que 50.000, selon Direct Matin. Contacté par Europe1.fr, le ministère de la Culture n'a pas confirmé ces chiffres. Ludovic Leu, directeur du site musicMe, l'une des plateformes proposant des offres cartes musique, parle quant à lui, de chiffres "vraiment très faibles" sur son site, sans plus de précisions.

Toilettage pour le site

Pour relancer le dispositif, la carte musique, jusqu'ici disponible uniquement sur Internet, va être lancée sous une forme physique et distribuée notamment dans les supermarchés. Sur son site Internet, Carrefour annonce l'arrivée de la carte pour le 25 novembre.

Et le gouvernement a toiletté le site Internet qui, à en croire le directeur de MusicMe, en avait bien besoin. "L'ergonomie de l'ancienne plateforme n'était pas des plus optimisées", a-t-il expliqué à Europe1.fr, reconnaissant que la deuxième version était "plus aboutie".

Une communication maladroite

Mais si l'opération a capoté, c'est aussi parce que "la communication aurait pu être plus habile", note Ludovic Leu. Même son de cloche chez le blogueur et ancien membre du Parti pirate français Paul da Silva. Pour lui, la "vraie explication" se trouve dans la "campagne de pub lamentable" lancée il y a un an. Des spots télévisés "à la limite de se moquer du client", donnant "un aperçu de la jeunesse qui était juste caricatural".

Lors du lancement de l'opération, plusieurs spots ont été diffusés :

En théorie, cette carte est réservée aux Français de 12 à 25 ans. Mais dans les faits, n'importe qui peut profiter de la réduction : les données ne sont pas contrôlées et n'importe qui peut bénéficier de l'opération en cochant une simple case. "Il n'y a pas de vérification derrière", souligne Paul da Silva, pour qui la tranche 12-25 ans est "plus un ciblage marketing".

Acheter autre chose que de la musique

Autre problème, il est possible d'acheter autre chose que de la musique, pointe Numerama. Sur la plateforme iTunes, la réduction peut ainsi servir à acheter des applications pour iPhone et iPad, ou encore des films ou des séries TV. De quoi mettre à mal la mission pédagogique de l'opération.

"Il ne faut pas se voiler la face", affirme de toute façon Ludovic Leu, pour qui le problème vient de la "difficulté de vendre de la musique sur Internet aujourd'hui". Paul da Silva est de son côté plus catégorique : "on essaie de subventionner des achats à l'heure où certains ne comprennent pas pourquoi il faudrait payer pour un MP3".