La RATP n’aime pas Incidents-RATP

Le site permet aux usagers de la RATP de s'informer entre eux. Mais la RATP, qui n'est pas à l'origine du projet, n'apprécie pas cette initiative.
Le site permet aux usagers de la RATP de s'informer entre eux. Mais la RATP, qui n'est pas à l'origine du projet, n'apprécie pas cette initiative. © REUTERS/INCIDENTS-RATP.COM
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avec Ariane Lavrilleux , modifié à
Elle menace de poursuivre un site internet qui permet de s’informer sur les incidents de trafic.

La RATP est exclusive, comme l’ont appris à leurs dépens les fondateurs du site internet Incidents-RATP.com. Ce site permet aux usagers de témoigner et de s’informer en direct sur les incidents de circulation sur le réseau de transports en commun parisien. Mais la RATP y voit une violation de sa propriété intellectuelle et demande aux créateurs du site de le fermer, rapporte Numerama.com.

“Donner les moyens aux usagers de s'aider entre eux“

Conçu sur le modèle d’un site participatif, Incidents-RATP.com doit permettre “aux usagers de s'aider entre eux en temps réel“. Une rame de métro est à l’arrêt sur la ligne 1 suite à un incident voyageur ? Un usager présent sur place peut alors donner l’information sur le site, pour permettre à d’autres de ne pas se retrouver à leur tour bloqués.

“Le but, c'était vraiment d'avoir accès à l'information de manière libre, indépendante, et qu'on puisse s'organiser entre nous pour arriver à fluidifier le trafic", précise l’ingénieur informatique à l'origine du site, Olivier Girardot, à Europe 1. "Ce n'était pas vraiment un ras-le-bol, plus une manière constructive de s'organiser", ajoute-t-il.

La RATP y voit un détournement

Un tel site pourrait réjouir la RATP, qui bénéficie ainsi d’un nouveau service sans même avoir eu besoin de le mettre en place. Mais elle y voit en fait une violation de sa propriété intellectuelle et a fait envoyer par ses services juridiques une lettre recommandée à Olivier Girardot. La RATP y demande de lui céder le nom de domaine du site et de ne plus utiliser la marque RATP. Le fondateur du site a jusqu’au 7 mars pour s’exécuter, faute de quoi la RATP portera l'affaire "devant les tribunaux".

"On s’oppose à la création de ce site, tout bêtement car le nom RATP est déposé. A partir du moment où il y a RATP dans le site, n’importe qui peut croire que c’est un site de la RATP", commente la RATP, avant d'ajouter : "le risque est qu’il y ait une confusion pour les usagers, d’autant que le site peut diffuser de fausses informations".

Et la RATP de préciser que "l’information se fait normalement entre agents de la RATP qui, à priori, sont les mieux informés. Les outils officiels existent : l’application iPhone RATP et le site internet notamment. Quand il y a de gros soucis, il y a un pop-up qui apparait sur la page d’accueil du site internet. Dans l’outil calcul d’itinéraire, il y a aussi des messages d’avertissement en cas d’incident".

L’auteur ne comprend pas

“Je trouve que la réaction de la RATP est disproportionnée vis-à-vis de sa demande d'arrêt complet du système et de destruction pure et simple de la plate-forme", commente Olivier Girardot.

“La RATP demande non seulement que je leur rende le nom de domaine (ça je comprends), mais que j'arrête le site entier qui est une "activité préjudiciable"“, a-t-il par ailleurs déclaré sur son compte Twitter. Olivier Girardot a appelé sur son site les internautes à le soutenir. Il a par ailleurs rencontré mardi un avocat et espère un règlement de ce litige à l'amiable.