L'hypertension artérielle sera bientôt moins remboursée

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Sophie Amsili avec agences , modifié à
L'hypertension artérielle sévère sera retirée des "affections longue durée".

Voilà une mesure d'économie qui a du mal à passer. L'hypertension artérielle sévère ne sera plus remboursée à 100%. Le Conseil d'Etat l'a confirmé en rejetant, mercredi, le recours contre le décret du 24 juin 2011, pris sous le gouvernement Fillon. Ce dernier supprime en effet l'hypertension artérielle sévère de la liste des affections longue durée (ALD) qui sont prises en charge en intégralité par la Sécurité sociale. "Compte tenu des caractéristiques de l'hypertension artérielle, du nombre de personnes concernées, de l'évolution et du coût des traitements de cette affection, le Premier ministre [de l'époque], a pu légalement prendre la mesure de suppression", estime le Conseil d'Etat.

Première maladie chronique en France, l'hypertension artérielle touche 15 millions de personnes, dont quelque 4,5 souffre d'une forme sévère. Pour ces derniers, cela signifie plus de 30% des frais médicaux restant à leur charge. Or, les patients les plus précaires ne paieront pas, avait alerté le professeur Jean-Jacques Mourad, président du Comité français de Lutte contre l'hypertension artérielle, au micro d'Europe 1 lors du passage du décret. "On a touché à la qualité de la prise en charge de la première maladie des Français sans en parler", dénonçait-il.

"Des raisons purement économiques"

Les associations de cardiologues ne décoléraient pas mardi après la décision du Conseil d'Etat "L'hypertension artérielle sévère compliquée d'affections cardio-vasculaires et rénales très handicapantes n'est plus reconnue pour des raisons purement économiques comme elle doit l'être: une maladie chronique très grave!", s'indignent la fédération française de cardiologie, la société française de cardiologie et l'alliance du Cœur dans un communiqué. Le Comité de lutte contre hypertension avait justement appelé l'année dernière à un meilleur dépistage de l'hypertension.

De son côté, le professeur Jean-Jacques Mourad avait rappelé qu'"on a diminué la mortalité cardio-vasculaire grâce à cette bonne prise en charge depuis trente ans." Pour lui, "cette décision historique (…) marquera le début du recul de la prévention cardio-vasculaire en France".