L’hiver dernier a été froid et meurtrier

A Nancy, lors du mois de février dernier.
A Nancy, lors du mois de février dernier. © MAXPPP
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avec Eve Roger , modifié à
Près de 6.000 décès supplémentaires ont été enregistrés en février-mars durant la vague de froid.

Un anticyclone très puissant qui poussait le vent venu de Sibérie, des températures polaires flirtant avec les -18 degrés et le plan "grand froid" largement utilisé : la France a grelotté en février et mars dernier. Et les conséquences de cette chute brutale et prolongée du thermomètre sont dramatiques : l'Institut de veille sanitaire a comptabilisé près de 6.000 décès supplémentaires durant cette période par rapport à une année normale. Ainsi, entre le 6 février et le 18 mars, la France a enregistré 51.000 morts contre 45.000 en temps normal.

Comme lors de la canicule de 2003, la surmortalité de l’hiver dernier concerne plus particulièrement les personnes âgées de plus de 85 ans, avec 2.850 décès en excès (+18%) chez les personnes âgées de 85 à 94 ans et un millier de décès en excès (+31%) chez les personnes de 95 ans ou plus.

Une surmortalité qui concerne en particulier le Sud

La quasi totalité des régions, à l'exception de la Corse, a enregistré des excès de décès variant de +8% en Alsace à +22% en PACA. Les régions les plus touchées se trouvaient majoritairement dans le sud de la France, alors qu'en 2009 le nord-ouest et la région Languedoc-Roussillon étaient les plus concernées.

Mais dans le détail, le froid n’est pas seul responsable de cette surmortalité. Selon Anne Fouillet, la statisticienne qui a dirigé l'étude, "la survenue concomitante de plusieurs facteurs (vague de froid et épidémies saisonnières, notamment grippale)" en février-mars dernier "peut, au moins en partie, expliquer ce phénomène, mais leur part respective dans cette augmentation reste à évaluer".

Une enquête à approfondir encore

La période avait également été marquée par une épidémie de gastro-entérite suivie d'une épidémie de grippe saisonnière, qui a atteint un pic fin février-début mars. La surmortalité, elle, a augmenté brutalement à partir du 6 février pour se stabiliser à un niveau élevé à la fin février, suivie d'une diminution en mars, précise l'InVS dont les chercheurs restent encore prudents. Il faudra attendre au moins un an et demi pour avoir des données complètes sur les causes de la mort de toutes les personnes recensées et pouvoir les analyser.

Toutefois, plusieurs éléments permettent d'expliquer cette surmortalité. Il y a eu treize jours consécutifs de froid intense en février, drainant leur lot de maladies respiratoires, d'épidémie de gastro-entérite et de grippes. Cette dernière s'est déclenchée tardivement touchant principalement les personnes âgées, qui se sont moins vaccinées que d'habitude. De plus, le virus de la grippe a muté en cours de saison et les personnes vaccinées se sont trouvées moins protégées.

Et les autres pays européens qui avaient dû eux aussi faire face à cette vague de froid ? Ils n’ont pas été épargnés non plus par la surmortalité. Elle a été d'une intensité marquée en Espagne, Portugal, Suède et Belgique et plus modérée aux Pays-Bas, Suisse, Finlande, Hongrie, Irlande et Grèce.