L’échec scolaire entre dans la campagne

Une cinquantaine de personnalités, dont Abd Al Malik, Boris Cyrulnik ou Stéphane Hessel, ont signé un "Pacte contre l'échec scolaire" publié jeudi dans Libération.
Une cinquantaine de personnalités, dont Abd Al Malik, Boris Cyrulnik ou Stéphane Hessel, ont signé un "Pacte contre l'échec scolaire" publié jeudi dans Libération. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Un "Pacte contre l'échec scolaire" signé par 52 personnalités sera présenté aux candidats.

En 2007, c’était le Pacte écologique de Nicolas Hulot. Cette fois-ci, c’est au tour de l’école de s’inviter dans la campagne présidentielle. Une cinquantaine de personnalités, dont le rappeur Abd Al Malik, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik ou l’écrivain Stéphane Hessel, ont en effet signé un "Pacte contre l'échec scolaire" publié jeudi dans Libération. Une initiative lancée par l'Afev, une association d'étudiants bénévoles faisant du soutien dans les quartiers populaires. Ce pacte sera présenté aux candidats qui briguent l’Elysée.

Trop de pression et de compétition

Pour l’association, la France connaît "un échec scolaire massif", qui s’explique par "une forte pression sur les élèves et leurs parents" et "une compétition qui créent de la souffrance et nuisent à son efficacité".

L’Afev prône donc le passage d’un "système de sélection" à "un modèle de promotion", dans lequel "chaque enfant, quelles que soient ses difficultés et ses appétences, pourra sortir avec la qualification et les compétences nécessaires". Le tout avec "un rapport confiant aux apprentissages et une image positive de soi", explique l’association.

Réinventer le collège unique

Pour y parvenir, le pacte s’articule autour de trois axes. Le premier préconise d’en finir avec "l'amalgame effort et souffrance" et propose notamment de remplacer les notes par une évaluation en primaire, une des revendications phares de l'Afev.

Les signataires souhaitent ensuite "réinventer le collège unique". Le collège doit être "repensé comme le prolongement de l’école primaire", notamment en limitant les premières années le nombre d'intervenants. Plus généralement, il faut "intégrer le travail personnel au temps scolaire afin de ne plus laisser les plus fragiles seuls face à leurs devoirs", explique l’association.

Passer d'un maître en CM2 à dix professeurs en 6e, "ce n'est pas bon pour les enfants, il faut une gradation en début de collège", appuie le neuropsychiatre Boris Cyrulnik. Dans ses voeux la semaine dernière au monde de l'éducation, Nicolas Sarkozy avait suggéré la même idée. "Entre un élève de CM2 avec un enseignant unique et l'élève de 6e avec des enseignants multiples dans un établissement qu'il ne connaît pas, la rupture est trop brutale. Il faut organiser un continuum entre ces deux niveaux", avait estimé le chef de l’Etat.

Enfin, le pacte se prononce en faveur d’ "une orientation choisie en filière professionnelle". La revalorisation de cette filière nécessite un "plan global" dont le financement "pourrait s'appuyer sur la refonte de la taxe d'apprentissage", selon l'Afev.

Roselmack parmi les signataires

Outre les trois signataires déjà cités, le pacte est aussi soutenu par l'écrivaine Annie Ernaux, l'ex-ministre Claudie Haigneré, le généticien Axel Kahn, l'artiste Annette Messager, le journaliste Harry Roselmack, l'ex-footballeur Vikash Dhorasoo, l'athlète Yohann Diniz ou le pédopsychiatre Marcel Rufo.

D’après l’OCDE, la proportion d’élèves en grande difficulté est passée, en France, de 15% à 20% en France entre 2000 et 2009. D’après l’Afev, 150.000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans diplôme.  En 2007, Nicolas Sarkozy avait pris l’engagement de "diviser par trois", d’ici la fin de son mandat "le taux d’échec scolaire à la fin du CM2". Il lui reste trois mois.