L'accro au sexe reconnu comme victime

Le Requip est un médicament destiné à traiter la maladie de Parkinson
Le Requip est un médicament destiné à traiter la maladie de Parkinson © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
La justice a confirmé la condamnation du labo fabriquant le médicament qu'il prenait.

Pendant deux ans , atteint de la maladie de Parkinson, il s'était vu prescrire du Requip. Deux années en enfer pour Didier Jambart, précipité dans une addiction au sexe et aux jeux. Mercredi, la cour d'appel de Rennes a confirmé  la condamnation de GlaxoSmithKline (GSK), le fabricant du Requip. Ce laboratoire pharmaceutique a été condamné à verser au total plus de 197.000 euros à Didier Jambart, en réparation des effets secondaires subis après la prise de ce médicament.

Huit tentatives de suicide

Le jour de l'audience, début octobre, Didier Jambart, 52 ans, avait décrit sa vie sous Requip. Un "enfer", selon lui, qui s'était d'abord traduit par un besoin compulsif de jouer. L'homme avait ainsi dilapidé les économies familiales puis volé les coordonnées bancaires de collègues et de proches pour pouvoir jouer au total quelque 82.000 euros, selon ses avocats.

"Deuxième effet Requip", une hypersexualité s'était en suite développée, le conduisant à s'exhiber sur Internet, à se travestir et à se faire violer. Didier Jambart a aussi affirmé avoir commis huit tentatives de suicide. Les troubles avaient cessé après l'arrêt du traitement en 2005.

Didier Jambart au micro d'Europe à l'issue du procès en première instance :

Un produit défectueux

En première instance à la fin mars 2011, GSK avait été condamné à lui verser 117.000 euros. Le tribunal avait considéré que les effets secondaires du Requip, qui n'avaient pas été portés sur la notice lors de la prescription de 2003 à 2005, donnaient au médicament, aux yeux de la loi, "le caractère d'un produit défectueux".

L'avocat de GSK, Me Jacques-Antoine Robert, avait réclamé de son côté une "expertise judiciaire contradictoire" et souligné "des incohérences majeures" dans ce dossier.

"C'est un grand jour"

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Mercredi, à l'énoncé du délibéré, Didier Jambart, qui était accompagné de sa femme, s'est effondré en larmes dans la salle d'audience.

"C'est un grand jour", a-t-il commenté à sa sortie de la salle d'audience. "C'est sept ans de bataille pour faire reconnaître avec nos faibles moyens que GSK nous a mentis, a brisé notre vie à des fins commerciales. Je suis heureux que justice soit faite, je suis heureux pour ma femme et mes enfants", a-t-il confié, soulagé.