Kerviel : le parquet suspend sa libération sous bracelet

  • Copié
avec AFP , modifié à
L'ex-trader s'est vu accorder un aménagement de peine sous bracelet électronique mais le parquet a décidé de faire appel.

L'attente se prolonge. Jérôme Kerviel, condamné pour avoir causé une perte de 4,9 milliards d'euros à la Société générale, a obtenu vendredi un aménagement de peine sous bracelet électronique. Mais le procureur d'Evry a aussitôt fait appel, a indiqué le parquet. Cet appel suspend l'exécution de la décision du juge d'application des peines : l'ancien trader de la Société Générale reste donc pour l'instant emprisonné. La cour d'appel de Paris a désormais deux mois pour examiner de nouveau sa requête.

"L'ordonnance du juge a fait droit à la requête de Monsieur Kerviel", indique dans un communiqué le procureur adjoint d'Evry, Dominique-Antoinette Gaux. "Dans la cohérence et le prolongement des réquisitions du parquet (...) le procureur de la République d'Evry a décidé ce jour d'interjeter appel de cette décision."

>> A LIRE AUSSI - Affaire Kerviel : nouvelle enquête sur la Société Générale

La volonté d'une vie "normale". En mars dernier, Jérôme Kerviel avait été définitivement condamné à cinq ans d'emprisonnement dont trois ferme. Mais une fois déduite la détention provisoire de 41 jours en 2008, ainsi que les remises de peine automatiques prévues par la loi, la durée prévisible de sa détention n'était plus que de deux ans et quatre mois environ. En juillet 2015, soit à la moitié de sa peine, la loi l'autorisait à solliciter, comme tout condamné, une libération conditionnelle.

Les avocats de Jérôme Kerviel se sont appuyés sur les dispositions de l'article 723-7 du code de procédure pénale, qui prévoit qu'une mesure d'aménagement de peine "peut être exécutée un an avant" la mi-peine. Un placement sous bracelet électronique permettrait à Jérôme Kerviel "d'aller travailler et de rentrer à son domicile le soir", avait expliqué l'avocat. Il aurait une "activité normale", un "appartement normal".

Un combat "long et douloureux". Après un périple pédestre ultra-médiatisé en Italie pendant lequel il a fait planer le doute sur son retour en France, Jérôme Kerviel avait été interpellé à Menton, dans les Alpes-Maritimes, le 18 mai. Il a été rapidement transféré à Fleury-Mérogis. Le combat judiciaire de Jérôme Kerviel a été "long" et "douloureux", a souligné Me Koubbi. Il "aspire à continuer" ce combat "jusqu'à ce que la vérité l'emporte".

L'avocat de Jérôme Kerviel a pris acte "avec dépit et consternation" de l'appel du parquet contre la décision d'aménagement de peine qui aurait permis à son client de sortir de prison.L'ex-trader de la Société Générale, condamné pour avoir causé une perte de 4,9 milliards d'euros à la banque, "ne présente strictement aucun danger" et son dossier "respectait parfaitement les conditions requises", a déclaré David Koubbi, accusant le parquet de "dysfonctionnements et violations répétées des droits de la défense" dans ce dossier.