Karachi : deux proches de Sarkozy visés

Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur, et proche de Nicolas Sarkozy, est mis en examen pour complicité d'abus de biens sociaux.
Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur, et proche de Nicolas Sarkozy, est mis en examen pour complicité d'abus de biens sociaux. © MaxPPP
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Thierry Gaubert et Nicolas Bazire ont été mis en examen pour complicité d'abus de biens sociaux.

L'étau se resserre autour du dossier "Karachi", dans lequel deux proches de Nicolas Sarkozy sont désormais directement visés par l'instruction en cours. Jeudi, Nicolas Bazire a été mis en examen pour complicité d'abus de biens sociaux après avoir passé près de 24 heures en garde à vue. La veille, Thierry Gaubert, ancien conseiller de l'actuel chef de l'Etat, avait été mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux  par le juge Renaud Van Ruymbeke.

Nicolas Bazire présenté au juge

Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d'Edouard Balladur de 1993 à 1995 et proche de Nicolas Sarkozy, a été interpellé mercredi matin à Paris par les policiers sur ordre du juge Renaud Van Ruymbeke, a annoncé le JDD.fr. Placé en garde à vue, il a été mis en examen jeudi dans le cadre de l'enquête sur le volet financier de l'affaire Karachi dans lequel avait déjà été mis en examen la semaine dernière Ziad Takieddine. Il a été laissé en liberté sans contrôle judiciaire. Son domicile et ses locaux professionnels ont fait l'objet d'une perquisition, a-t-on indiqué de source proche du dossier.

Conseiller référendaire honoraire à la Cour des comptes, chevalier de la Légion d'honneur et actuel directeur général de groupe du groupe Arnault, la holding qui coiffe LVMH, Nicolas Bazire est un proche de Nicolas Sarkozy, dont il a été le témoin de mariage. "Je m’attends à être appelé par la police pour venir assister mon client en garde à vue", avait confié au JDD, en début de matinée, son avocat Me Jean-Yves Lienard. Plusieurs témoins, auditionnés par le juge Renaud Van Ruymbeke dans le cadre de l'enquête sur l'affaire de Karachi, ont mis en cause pour son rôle dans le financement de la campagne Nicolas Bazire, directeur de cabinet d'Edouard Balladur à Matignon et également son directeur de campagne pour la présidentielle de 1995.

Thierry Gaubert libre aussi

Mercredi, Thierry Gaubert avait été laissé libre à l'issue de son audition. Son domicile avait déjà été perquisitionné début juillet. Les enquêteurs s'intéressent aux liens éventuels de Thierry Gaubert avec l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takkiedine, présenté comme intermédiaire dans des contrats de ventes d’armes au Pakistan et en Arabie Saoudite, dans les années 90, sur lesquels enquêtent les juges Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire. Thierry Gaubert a été chargé de la communication de Nicolas Sarkozy jusqu'au milieu des années 90. Il a travaillé pour lui à la mairie de Neuilly-sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine, puis sous le gouvernement Balladur, au ministère du Budget et au porte-parolat du gouvernement.

Révélations des ex-compagnes de Takieddine et Gaubert

A l'origine de ces rebondissements dans l'enquête, les témoignages déterminantes de deux femmes. Lors d'une audition, l’ex-épouse de Ziad Takieddine, Nicola Johnson, a notamment détaillé le lien de son ex-mari avec plusieurs politiques, dont Nicolas Bazire. "Nous sommes en 1993. j'ai vu à la maison Nicolas Bazire au moins deux ou trois fois", a-t-elle déclaré. Par ailleurs, Le Nouvel Observateur révèle mercredi que la princesse Hélène de Yougoslavie accuse Nicolas Bazire et Thierry Gaubert d'avoir joué les porteurs de valises. Entendue à la fin de l’été par les policiers de la DNIF (Direction Nationale des Investigations Financières), elle avait révélé aux enquêteurs que son ex-mari, Thierry Gaubert avait accompagné, en Suisse, Ziad Takieddine, pour aller chercher des valises "volumineuses de billets", durant la période 94-95. Cette descendante du roi d’Italie avait ajouté que l’homme qui récupérait les "mallettes" en France était Nicolas Bazire. 

Enfin, selon le site d'informations Mediapart, la semaine dernière, un témoin, entendu le 8 septembre par la police, a affirmé que Ziad Takieddine s'était rendu à plusieurs reprises en Suisse pour y retirer des fonds remis à Paris à Nicolas Bazire. Une dizaine de millions de francs, en espèces, découvert sur les comptes de campagne d'Edouard Balladur, intriguent en effet les enquêteurs. Ziad Takieddine était accompagné dans ces déplacements de Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly et au ministère du Budget, précise Mediapart.

Roland Dumas également entendu

Selon les informations du JDD.fr, le juge Van Ruymbeke a également entendu, comme témoin cette fois, Roland Dumas, l'ancien président du Conseil constitutionnel, afin de comprendre dans quelles conditions le Conseil constitutionnel avait validé les comptes de campagne pour l'élection présidentielle de 1995, malgré la présence d'espèces en quantités importantes. Devant le magistrat, l'ancien ministre de François Mitterrand s'est retranché derrière le secret des délibérations.