Jura : feu vert pour la prison Botton

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Malgré l'opposition des habitants, le maire de Saint-Julien s'est finalement prononcé pour le projet.

La prison expérimentale verra finalement le jour. Malgré un vote négatif lors d'une consultation dimanche, le maire du village de Saint-Julien-sur-Suran, dans le Jura, a décidé de mettre en œuvre le projet proposé par Pierre Botton.

En décembre 2011, le site de Saint-Julien-sur-Suran avait été retenu pour accueillir le projet de l'association "Les Prisons du coeur" fondée par Pierre Botton qui a fait 20 mois de prison dans les années 1990 pour abus de biens sociaux. Le concept : des détenus volontaires, obligés de travailler pour favoriser leur réinsertion et lutter contre la récidive.

"Un projet humain structurant pour le territoire"

"Aujourd'hui, le monde carcéral a un peu évolué avec un territoire rural qui dit 'oui nous voulons participer à un projet de réinsertion'", a vanté la conseillère générale (UMP) Hélène Pélissard, artisan du projet.

Mais la décision du conseil municipal d'implanter la prison risque d'accentuer les tensions déjà bien présentes dans le village depuis plusieurs mois déjà. A l'occasion d'un référendum organisé dimanche, 54% des votants se sont en effet prononcés contre l'implantation de cette prison alors que 46% y sont favorables.

Mais ce sont finalement les élus du conseil municipal qui ont eu le dernier mot. "Les conseillers municipaux ont écouté les 14 maires du canton, sur 15, qui avaient donné leur accord, considérant ce magnifique projet humain comme structurant pour le territoire. Ils ont aussi estimé que les habitants avaient été trompés par une campagne scandaleuse de dénonciation du projet", a précisé Hélène Pélissard.

"Nous sommes très déçus"

Mais du côté des opposants aux projets, l'absence de prise en compte de la consultation populaire ne passe pas. "Nous sommes très déçus que les conseillers n'aient pas tenu compte de l'avis de la population", a déclaré Janine Keser, secrétaire de l'association "Petite montagne espace de liberté", créée pour lutter contre le projet.

Selon eux, l'arrivée des détenus à Saint-Julien va mettre en péril le calme du village. "Ça va être extrêmement dérangeant. Il y aura du bruit, de la circulation, des visiteurs qui vont venir. Ils vont faire quoi ici toute la journée ? Il n’y a rien à faire", commentait en février dernier Christine Baille, une opposante du collectif "Petite montagne espace de liberté" au micro d’Europe 1. Le projet évalué à environ 10 millions d'euros a également été critiqué par le Syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP) et le syndicat Ufap-Unsa Justice.

Les personnes favorables au projet pointent de leur côté les avantages économiques. Une cinquantaine d'agents pénitentiaires pourraient en effet s’installer à Saint-Julien et l’installation de la prison serait à l’origine de la création d’une dizaine d’emplois. Autant d'arguments qui ont pesé dans le choix des élus.