"Je ne sais pas comment je suis tombée"

Ghislaine de Védrines a été sous l'emprise du "gourou de Monflanquin" pendant près de neuf ans.
Ghislaine de Védrines a été sous l'emprise du "gourou de Monflanquin" pendant près de neuf ans. © Maxppp
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avec Stéphane Place , modifié à
TEMOIGNAGE E1 - Ghislaine de Védrines a été sous l'emprise du "gourou de Monflanquin".

Pendant plus de huit ans, elle a rejeté son mari et vécue recluse avec ses enfants et d'autres membres de sa famille, sous l'emprise d'un "gourou". Ghislaine de Védrines est celle qui a présenté à ses proches Thierry Tilly, qui prétendait les protéger d'un complot. Alors que le procès du "gourou" et d'un homme présenté comme son complice s'ouvre lundi à Bordeaux, Ghislaine de Védrines a confié à Europe 1 comment s'étaient déroulées ces années d'emprise psychologique.

"C'est une question que je me pose tous les jours : je ne sais pas comment je suis tombée, mais ce que je sais c'est que je suis tombée", lâche Ghislaine de Védrines.

"Il a crée un monde de terreur autour de nous" :

"Le complot autour de la famille était lié à l'argent"

Alors qu'elle introduit Thierry Tilly dans le cercle familial, l'homme leur fait croire peu à peu qu'ils sont la cible d'un complot, mais que, s'ils financent "le combat", il peut protéger leur vie. "Il y avait une théorie du complot. Ce complot autour de la famille était lié à l'argent. Nous étions d'une famille avec les qualités et le renom qu'elle avait localement et beaucoup d'argent. Et il fallait qu'il soit là pour protéger notre argent", explique Ghislaine de Védrines. Selon elle, Thierry Tilly leur avait fait croire qu'il "faisait partie d'un service au dessus de tout, qui peut tout régler, qui est en ligne directe avec le président des Etats-Unis".

Thierry Tilly parvient à couper une partie de la famille du monde extérieur. Les Védrines s'isolent d'abord dans leur château de Monflanquin, puis partent en Angleterre. "Il a crée un monde de terreur autour de nous. Nous avions peur de tout le monde et de tout, du bruit, de la personne qui passait à côté de nous. Nous étions devenus un peu paranos alors qu'on ne le pensait pas. Le monde extérieur nous était hostile", se souvient Ghislaine de Védrines.

"Chacun son tour, on se révoltait plus ou moins"

Onze personnes, dont certaines menaient de brillantes carrières, abandonnent tout pour faire confiance au "gourou". Trois d'entre elles réussissent à faire défection en 2008 et 2009. Mais sortir de l'emprise de Thierry Tilly n'était pas simple, assure Ghislaine de Védrines. "Par période, chacun son tour, on se révoltait plus ou moins. Mais les autres faisaient ce qu'il fallait pour remettre celui qui se rebellait dans le "droit chemin". On s'auto-contrôlait, on s'auto-surveillait", assure-t-elle.

Au premier jour du procès, Thierry Tilly, qui avait dans le passé été condamné pour outrage à magistrat, est apparu souriant et poli pour ses premières minutes devant le tribunal.