"Je n’ai pas réussi à protéger Mohamed"

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Marion Sauveur
Le frère du tueur au scooter accuse son deuxième frère, Abdelkader Merah, de l’avoir endoctriné.

"Je voulais protéger Mohamed de l’influence d’Abdelkader". Abdelghani Merah, le frère aîné de l’auteur des tueries de Toulouse et Montauban en mars dernier, raconte au Point comment son frère Abdelkader a "pris en main Mohamed" et lui a "inculqué le radicalisme".

"La source de sa haine se trouve dans notre famille"

"La source de la haine de Mohamed Merah se trouve dans notre famille, dans ce que notre père, notamment, lui a transmis", assure Abdelghani Merah dans un entretien croisé avec le président du Crif, Richard Prasquier. Quatre mois après la mort de son jeune frère, il n'hésite pas à accuser sa famille d'antisémitisme. Pire encore, Abdelghani Merah pointe du doigt son autre frère. Mohamed est responsable de ses actes mais aussi victime de ceux qui l’ont endoctriné, en premier lieu mon frère Abdelkader", estime-t-il.

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Dans cette interview, Abdelghani Merah accuse Abdelkader Merah - mis en examen depuis les tueries de Toulouse et Montauban pour complicité - d’être "profondément antisémite". "En 2003, il a failli me tuer en me poignardant. Tout ça, parce que j’assumais les origines juives de ma femme", confie-t-il à l’hebdomadaire. Et d’ajouter : "du côté de ma famille, notre union n’a jamais été acceptée". 

"Je suis allé déposer plainte. J’avais alors insisté sur son caractère dangereux et précisé qu’un jour il irait beaucoup plus loin", se rappelle le frère aîné de Mohamed et d’Abdelkader Merah avant d’ajouter : "il se faisait surnommer Ben Laden". 

"Je n'ai pas réussi à le protéger"

Il assure avoir voulu aider son frère Mohamed. "Je me tenais au courant des activités de Kader et de Mohamed. Pour les surveiller. Et pour protéger Mohamed de l’influence de Kader. Mais je n’ai pas réussi". Pour Abdelghani Merah, son petit frère "fréquentait la partie de la famille qui est antisémite. J’ai essayé de le sortir de cette sphère, mais ils ont été les plus forts".

D’ailleurs, explique-t-il, "quand j’ai appris que Mohamed était parti en Afghanistan, j’ai été le seul de la famille à m’étonner. On me traitait de mécréant".

"Beaucoup de musulmans aiment les juifs"

Abdelghani Merah s’efforce tout au long de cette interview de défendre les Arabes. "Il faut insister sur le fait que tous ne pensent pas comme mon frère. Beaucoup de musulmans aiment les juifs. Je veux montrer au monde entier qu’on ne doit pas faire d’amalgame", juge-t-il.

Mais le frère de Mohamed Merah estime qu’une action devrait être menée à la source. "Il faudrait encadrer la parole des imams, qui, en réalité n’en sont pas vraiment : ils vont dans les quartiers et prêchent la haine de tout ce qui n’est pas musulman. En France, l’islam ne peut pas être le même qu’en Arabie Saoudite. En France, on n’apprend pas à nos jeunes le vrai islam. On leur apprend l’islam des talibans", conclut-il.

Preuve de son engagement, Abdelghani Merah a adressé une lettre de condoléances aux proches des victimes des tueries de Toulouse et Montauban. Dans ce courrier, il leur adresse sa solidarité et sa compassion.