Interpellations en série de migrants tunisiens

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avec AFP , modifié à
A plusieurs reprises cette seamine, des migrants tunisiens ont été arrêtés en nombre. Polémique.

Ils sont plusieurs dizaines d’immigrés maghrébins, en majorité tunisiens, à avoir été arrêtés mardi en Seine-Saint-Denis, mercredi à Paris et à Marseille et jeudi soir encore à Paris. Motif : "infraction à la législation sur le séjour". Ils ont été placés en garde à vue et beaucoup se sont vus notifier une obligation de quitter le territoire français.

"Comme des proies"

Selon la préfecture de police de Paris, l'objectif est de "contrôler toutes ces personnes arrivées en masse", "d'établir un diagnostic de la situation de chacun", et de traiter "au cas par cas" leur situation.

Car théoriquement, ces immigrés sont en situation légale. Ils sont arrivés en Europe via l’Italie, qui leur a délivré une autorisation de séjour de six mois, leur permettant de circuler librement dans l’espace Schengen. Or la France ajoute comme condition le fait qu'ils aient des ressources suffisantes et un billet retour.

Plusieurs voix se sont élevées contre ces interpellations. "Nous parlons de chasse à l’homme, parce que les jeunes concernés eux-mêmes nous disent ‘nous nous sentons comme des proies, on est chassés un peu partout'", a dénoncé sur Europe 1 Omeyya Seddik, administrateur de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives. Il a également estimé que ces immigrés "dormaient à la belle étoile" et que "leur santé se dégradait", ce qui est selon lui, "une situation de nature (…) à créer de grave troubles à l’ordre public".

Double discours

D’autres militants associatifs ont estimé que la France tenait un double discours :"la préfecture annonce qu'une école publique va être ouverte ce matin pour l'hébergement et en même temps, on a l'intervention des forces de l'ordre", s'est insurgé Bernard Eynaud, de la Fédération de la Ligue des droits de l'Homme. L'avocate Samia Maktouf, très engagée auprès des migrants tunisiens à Paris, a elle déploré l'intervention de la police, demandant que chaque dossier puisse être étudié en vue d'une "régularisation au cas par cas", ainsi qu'une prise en charge des mineurs et des malades.

Côté politique, le maire de Paris Bertrand Delanoë a jugé ces arrestations choquantes et demandé mardi, sur Europe 1, que "pour les 20.000 migrants tunisiens de ces dernières semaines, des solutions raisonnables et réalistes" soient trouvées.

Réponse du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant : ce n’est "pas à l'Etat" de pourvoir au séjour de ces étrangers, car "pour séjourner temporairement de façon régulière (en France), ces personnes doivent être munies non seulement d'un document de voyage et d'un titre de séjour, mais également disposer de ressources suffisantes".