Ils sont contre l'arrêté anti-mendicité

Pancartes et gamelles à la main, des Marseillais ont manifesté jeudi contre l'arrêté anti-mendicité.
Pancartes et gamelles à la main, des Marseillais ont manifesté jeudi contre l'arrêté anti-mendicité. © NATHALIE CHEVANCE / EUROPE 1
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avec Nathalie Chevance , modifié à
A Marseille, la colère ne retombe pas. Le maire Jean-Claude Gaudin, lui, assume.

"Marseillais, rendez-vous jeudi devant la mairie pour faire la manche ! " Tel est l’appel sous forme de provocation lancé par l’association Emmaüs pour protester contre un arrêté municipal "anti-mendicité". Une manifestation avec des gamelles pour mieux se faire entendre, a constaté la correspondante d'Europe 1 à Marseille.

Pour l’association fondée par l’abbé Pierre, ce texte anti-mendicité est "une véritable guerre aux pauvres" engagée par la mairie. De nombreux partis ont rejoint l’association dans son combat, notamment le PS, le PCF, les écologistes et le MoDem. De son côté, la mairie a récusé lundi le terme de texte "anti-mendicité" et dit ne vouloir envoyer qu'un signal, comme cela avait été le cas il y a quelques années. La mairie avait interdit les "comportements agressifs", notamment ceux des laveurs de vitres de voitures aux feux rouges, faisant chuter cette pratique.

38 euros d’amende pour toute "sollicitation"

Cette fois-ci, l'arrêté, qui prévoit une amende de 38 euros, interdit sur un large périmètre du centre-ville "de se livrer à toute forme de sollicitation ou appel à la quête de nature à entraver la libre circulation des personnes (…) ou, de manière générale, à porter atteinte par ces comportements au bon ordre, à la tranquillité et à la sécurité publique".

Emmaüs y voit une "nouvelle attaque en règle des droits les plus fondamentaux des hommes, femmes et enfants, stigmatisant un peu plus encore les populations les plus précaires". Et l’association de poursuivre : "la solidarité est une valeur fondatrice de l'identité française. Emmaüs n'entend pas l'abandonner !".

Gaudin critique les "donneurs de leçons"

De son côté, Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, a assumé sa décision au micro d'Europe 1 jeudi matin. "Depuis que je suis élu, et depuis que je suis maire de Marseille, je crois avoir démontré que dans cette ville, j’ai eu une politique de générosité et de fraternité", a-t-il certifié. "Ici dans cette ville, nous avons eu tout l’été le problème des Roms. Ceux qui me donnent des leçons étaient en vacances à Honolulu pendant que le préfet et moi étions ici", a encore lancé Jean-Claude Gaudin. "Et la ville de Marseille s’est montrée très généreusement en apportant le Samu social et en hébergeant des Roms. Alors les leçons de morale, que ces gens-là les gardent pour eux", a-t-il conclu.

Une "attaque en règle" contre les plus pauvres

Du côté des Marseillais visés par cet arrêté, c'est l'indignation. "Je suis obligé de faire la manche au lieu de me retrouver en prison", témoigne Philippe, neuf ans de mendicité."Les politiques... ils veulent quoi ? Dramatiser la situation ?", renchérit Mickey, 58 ans.

"On est déjà plus bas que terre", s'insurge Mickey :

"On est déjà plus bas que terre"par Europe1fr

"Je me mets dans mon petit coin. Les gens m’estiment bien et parfois ils me donnent même des billets", a raconté de son côté Philippe, depuis 9 ans dans la rue. Qui a reconnu au passage : "je suis obligé de faire la manche au lieu d’aller voler".