Il aurait enlevé des enfants de divorcés

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avec AFP , modifié à
La justice a validé l'extradition d'Olivier Karrer, soupçonné d'association de malfaiteurs.

C'est l'histoire d'un père de famille qui aurait organisé l'enlèvement d'enfants bi-nationaux pour le compte d'autres parents dans le cadre de séparations conflictuelles. Une "activité" qui l'a conduit à être arrêté jeudi dernier à Strasbourg, soupçonné de "participation à une organisation criminelle, enlèvement de mineurs et violences volontaires". Le parquet de Colmar a validé jeudi l'extradition vers l'Allemagne de ce père de famille qui s'oppose depuis plus de dix ans contre les procédures allemandes en matière de divorce.

Lors d'une audience devant la chambre d'instruction de la cour de Colmar, le représentant du parquet général a estimé que les mandats d'arrêt européens délivrés contre Olivier Karrer par les parquets de Munich et de Milan étaient réguliers et conformes aux procédures. La chambre de l'instruction a ordonné jeudi son extradition vers l'Italie puis l'Allemagne, en vertu d'un accord entre les deux pays.

"Les Allemands criminalisent le parent non-allemand"

"Nous allons immédiatement nous pourvoir en cassation", a annoncé son avocat, Me Grégory Thuan. En matière de mandat d'arrêt européen, la procédure est accélérée et la Cour de cassation a 45 jours, à partir du dépôt du pourvoi, pour se prononcer. Lors de l'audience jeudi, Olivier Karrer a demandé à pouvoir se défendre "devant la justice française". "En Italie et en Allemagne, je n'ai aucune chance de me faire entendre", a-t-il argumenté.

A sa sortie de la salle d'audience, l'intéressé, mains menottées dans le dos et encadré par des policiers, s'est livré à une conférence de presse improvisée. "Si je suis arrêté et traduit devant une juridiction française, c'est parce qu'on essaie de me faire taire", a-t-il notamment affirmé. Il a résumé le combat qu'il mène depuis 12 ans en expliquant que "les Allemands criminalisent de manière systématique le parent non-allemand qui voudrait quitter le territoire avec ses enfants mineurs, même en possession de ses droits parentaux".

Couvert par son association

C'est le cas personnel qui a sensibilisé Olivier Kerrer à ces cas de parents divorcés privés du droit de garde par la justice du pays d'origine de leur conjoint.

Le combat d'Olivier Karrer contre les autorités allemandes débute en 1999, quand son fils Julian, alors âgé de 4 ans, est confié à sa mère allemande avec qui il est alors en instance de divorce. En treize ans, il n'a revu son fils qu'à de très rares reprises.

Concrètement, le père de famille accuse le pays d'"enlever et germaniser les enfants des étrangers, sous couvert du Droit des Allemands, afin d'assigner leur parent étranger dans le pays et s'accaparer leurs richesses". C'est pour cette raison qu'il a décidé de créer le Conseil européen des enfants du divorce (CEED), une association d'aide aux parents divorcés en conflit avec l'Allemagne. Et donc d'en venir à organiser l'enlèvement de certains enfants.

Olivier Karrer aurait ainsi agi "sous le couvert de l'activité légale de l'association CEED, qui opère formellement au niveau international de manière licite en menant des campagnes de sensibilisation de l'opinion publique à la garde d'enfants de divorcés de nationalités diverses, notamment allemande", selon les enquêteurs.

Une dizaine d'enlèvements au total

L'enquête, menée par les procureurs milanais Pietro Forno, Luca Gaglio et Giancarla Serafini, a débuté en Italie en mars 2011 avec l'arrestation de Marinella Colombo avec qui Olivier Karrer était en contact. Cette Milanaise s'est battue durant des années pour récupérer ses deux enfants, dont la garde avait été attribuée par un tribunal de Munich à son ex-mari allemand. Marinella Colombo, condamnée par un tribunal de Milan pour enlèvement de mineurs, avait été arrêtée alors qu'elle se préparait à fuir au Liban avec ses deux enfants cachés depuis un an en Slovénie.

Selon les enquêteurs, ce plan de fuite aurait bien été organisé par Olivier Karrer contre le versement d'une somme de 20.000 euros. L'association de délinquants était ainsi "dotée de moyens financiers et d'appuis logistiques dans divers pays européens et hors UE pour soustraire contre rémunération des mineurs faisant l'objet d'un contentieux entre parents de nationalités différentes". Olivier Karrer, l'Allemande Silvia Kalina et l'Américaine Kimberly Hines, auraient supervisé et exécuté au total une dizaine d'enlèvements de mineurs à l'étranger.