Il a été le dernier condamné à mort gracié

L'ancien condamné à mort Philippe Maurice, lors d'une émission télévisée en mars 2001.
L'ancien condamné à mort Philippe Maurice, lors d'une émission télévisée en mars 2001. © capture écran INA
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Frédéric Frangeul et Nicolas Poincaré , modifié à
30 ans après l'abolition de la peine de mort, Philippe Maurice revient sur cet épisode.

La veille du 10 mai 1981, Philippe Maurice était un condamné à la peine capitale, âgé de 23 ans, qui attendait dans les couloirs de mort. Avec l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République et l'abolition de la peine de mort quelques mois plus tard, il a échappé à la guillotine. Trente ans après, il se souvient au micro d'Europe 1.

"En 1981, le résultat des élections a sauvé ma tête", se rappelle Philippe Maurice. En cas de victoire de Valéry Giscard d'Estaing, son exécution serait "intervenue dans les semaines qui ont suivi", précise-t-il.

Le résultat des élections a sauvé ma tête, explique Philippe Maurice :

 

"Un pied de nez à Peyrefitte et Giscard"

Peu de temps auparavant, Philippe Maurice, qui avait été condamné à mort pour le meurtre de deux policiers, avait tenté de s'évader de la cellule. Une avocate lui avait fait parvenir une arme dans le quartier des condamnés à mort. "Je devais neutraliser les deux gardiens qui, de façon surréaliste, avaient les clés qui menaient jusqu'à la porte" d'entrée", révèle-t-il au micro d'Europe 1. "C'était une défaillance dans le système de sécurité qui était impressionnante", estime Philippe Maurice.

Si la tentative avait réussi, cela aurait été la première évasion d'un condamné à mort en France. "Cela aurait été un beau pied de nez à Alain Peyrefitte (NDLR : ministre de la justice de 1977 à 1981) et à Giscard", estime aujourd'hui l’ancien détenu. Valéry Giscard D'Estaing, président de la République de 1974 à 1981, avait fait savoir à l'époque qu'il ne gracierait pas Philippe Maurice.

Gratitude "immense" à François et Danièle Mitterrand

Quatre jours après l'élection de François Mitterrand, Philippe Maurice a obtenu la grâce du président de la République. Libéré en 2000, il a mis à profit ses vingt-trois années de prison pour étudier. Il a passé son baccalauréat et réussi de brillantes études d'histoire, couronnées d’un doctorat au milieu des années 90. Il est aujourd'hui historien, chercheur à l'EHESS, et spécialiste de l'histoire médiévale.

Si sa gratitude à l’égard de François et Danièle Mitterrand est "immense", Philippe Maurice n'oublie pas son devoir d’exemplarité. "Je suis conscient que si ma vie avait été trouble, les gens qui sont pour la peine de mort m'auraient vraiment utilisé pour démolir les abolitionnistes", conclut-il.