Hôpital : les 35h… sur trois jours ?

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C.B et Nathalie Chevance , modifié à
C'est ce que propose la direction de l'hôpital d'Avignon. Le personnel est très partagé.

Les 35 heures sur trois jours, ça vous tente ? C'est du moins ce qu'entend tester l'hôpital d'Avignon. Le concept : travailler intensément sur une période plus courte, afin de profiter des siens, par exemple en limitant ses déplacements. Le système existe déjà dans les services d'urgence, mais uniquement sur des périodes courtes - toutes les 2 semaines. Il s'agit dans ce cas précis de le proposer de façon plus systématique dans d'autres services.

Une proposition qui intervient également en pleine polémique sur la maternité de Port-Royal où un bébé est mort alors que sa mère n'avait pas pu accoucher faute de suivi suffisant. Europe1 s'est rendu à l'hôpital d'Avignon où les syndicats s'opposent fermement à cette mesure.

Une proposition "en dehors du cadre législatif". A l'hôpital Henry Dufaud, c'est du 50/50. L'idée de travailler 12 heures pendant trois jours consécutifs ne fait pas l'unanimité. La proposition de la direction est de soumettre cette nouvelle organisation aux aides-soignantes et aux infirmières, seulement dans certains services, comme la cardiologie ou le bloc opératoire.

Une proposition illégale et dangereuse selon Patrick Bourdillon, secrétaire général CGT à l'hôpital d'Avignon. "Nous, notre souci c'est le fait que la journée de 12 heures, qui doit être une exception, devienne la règle. Ce ne sont pas des boîtes de conserve qu'on soigne. Donc automatiquement il doit y avoir des relèves entre les personnels. Donc on part sur une dérèglementation complète et on est en dehors du cadre législatif", déplore le syndicaliste au micro d'Europe 1.

"Pour la famille, il y a quelques avantages" mais... La direction réplique de son côté qu'il y a déjà 85 volontaires. Déborah, puéricultrice, a d'ailleurs testé ce nouveau rythme de travail et elle admet des difficultés. "Les 12 heures, c'est sûr que ça nous permet d'avoir des jours de moins où l'on vient travailler. Pour la famille c'est sûr qu'il y a quelques avantages. Après, quand vous avez fait trois jours d'affilés, 12 heures de travail, moi je sais que je ne peux pas. La vigilance est peut-être un peu diminuée", commente-t-elle sur Europe 1.

Les patients s'inquiètent aussi. Pour la direction, c'est aussi le moyen de maintenir un volume de travail identique avec du personnel en moins. Mais alors qu'en pensent les patients ? Michelle n'est pas convaincue. "Je pense que c'est un risque, que c'est trop d'heures. Les infirmières seront trop fatiguées, moins attentionnées, moins près des patients. Douze heures, c'est affolant, ils sont fous", Pour les syndicats, pas question d'avaler la pilule tant que le comité d'hygiène et de sécurité n'aura pas rendu ses conclusions sur la journée de douze heures.