Hollande reçoit des anti-gaz de schiste

François Hollande a reçu, au fort de Brégançon, une délégation de citoyens s'opposant à l'exploitation du gaz de schiste.
François Hollande a reçu, au fort de Brégançon, une délégation de citoyens s'opposant à l'exploitation du gaz de schiste. © Jean-Paul Pelissier / Reuters
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François Hollande a reçu mercredi à Brégançon un collectif d'opposants. 

Le gaz de schiste fait discrètement son entrée par les fenêtres de l'exécutif cet été. Après une réunion le 24 juillet entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, la ministre de l’Écologie Delphine Batho et des ONG environnementales, qui n'a abouti à aucune déclaration, c'est le président lui-même qui s'est penché sur le dossier, mercredi dans sa résidence de vacances du Var.

François Hollande a en effet reçu, au fort de Brégançon, une délégation de citoyens s'opposant à l'exploitation du gaz de schiste. "Il nous a entendus, il nous a franchement très bien reçus, cela s'est passé de façon très conviviale, il a été à l'écoute, on a pu discuter tranquillement et je pense qu'il va se pencher sur le dossier, réellement", a simplement indiqué à la sortie de cette courte entrevue Yvan, un membre du collectif reçu par le chef de l'Etat.

Plusieurs permis de recherche accordés

"Au mois de novembre, il devrait y avoir des forages qui vont commencer en région parisienne" a souligné ce militant, avant d'ajouter "aujourd'hui, on assiste à un recul aux Etats-Unis et au Canada – qui autorisent l'exploitation -, donc pour nous l'exploitation du gaz de schiste, ce n'est pas possible, c'est une ineptie".

Schiste militants

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Des permis de recherche d'hydrocarbures dans les couches schisteuses ont été accordés ces dernières années principalement en région parisienne mais également en Aquitaine, en Langedoc-Roussillon et en Lorraine, suscitant une forte mobilisation en raison des dégâts environnementaux provoqués par la technique utilisée pour les extraire, celle de la fracturation hydraulique.

Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a confirmé que cette technique, interdite par le Parlement l'an dernier, resterait interdite. Consistant à creuser d'énormes trous dans le sol pour y injecter des quantités d'eau importantes mélangées à des produits chimiques afin de libérer le gaz de schiste emprisonné dans la roche, elle est jugée destructrice pour l'air, les nappes phréatiques et même la santé, selon les écologistes et certaines études.

"Une pollution irréversible pour des décennies"

Le hic pour les associations : les permis de recherche ne sont toujours pas annulés, et le gouvernement ne s'est pas encore prononcé sur l'exploration des gaz de schiste en elle-même par d'autres techniques. Mi-juillet, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg avait même jeté la confusion en annonçant qu'il allait "regarder" le dossier du gaz de schiste, laissant craindre qu'il pourrait l’envisager comme hypothèse pour créer de l'emploi. Un flou qui suscite l'inquiétude des "anti".

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"Même si votre gouvernement envisage de s’en tenir à la loi du 13 juillet 2011 pour maintenir l’interdiction de la fracturation hydraulique, la recherche, l’exploration même à but scientifique et l’exploitation des gaz et huiles de roche-mère serait une catastrophe sanitaire sans précédent", a écrit le collectif  reçu par François Hollande dans une lettre destinée au président, rapportée par le site nongazdescisteinfos.com.

puits d'extraction de gaz de schiste en Pologne

© REUTERS

"La migration du méthane et autres produits dangereux vers les nappes phréatiques entraîneraient une pollution irréversible pour des décennies et davantage, écrivent les militants écologistes. Aussi, nous vous demandons, comme tout père bienveillant, d’écarter purement et simplement de votre programme cette extraction multiforme : fracturation hydraulique ou autres stimulations dangereuses."

Une conférence les 14 et 15 septembre

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François Hollande n'a pour le moment pas réagi à cette rencontre. On en saura davantage les 14 et 15 septembre, date à laquelle doit se tenir une conférence environnementale, qui se penchera notamment sur la question de la transition énergétique.

Du côté des ONG, on reste méfiant. "L'exploration en profondeur propre, ça n'existe pas, commente un responsable, interrogé sur le sujet fin juillet par Europe 1. "Ce sera donc le choix économique ou la responsabilité environnementale."