Hébergement d'urgence : les femmes oubliées

Les femmes ne disposent plus de centres d'hébergements d'urgence à Paris.
Les femmes ne disposent plus de centres d'hébergements d'urgence à Paris. © MaxPPP
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Frédéric Frangeul avec Martin Feneau et Laure Dautriche , modifié à
Le dernier centre réservé aux femmes à Paris a fermé et ne rouvrira pas avant plusieurs années.

Le manque de moyen des organismes d'aides d'urgence aux sans-abris est de plus en plus criant. Sur le terrain, les populations vulnérables sont les plus touchées. En premier lieu, les femmes, qui ne disposent plus de centres d'hébergements d'urgence à Paris. Le dernier lieu d'accueil qui leur était réservé a fermé ses portes en juin et ne rouvrira pas avant plusieurs années.

Des lits de camps pour les femmes de la rue

Dans un square parisien, une dizaine de femmes dorment ainsi dehors. Elles ont le sentiment d'avoir été abandonnées par le 115. "Ils nous ont donné deux nuits et puis basta", explique Myriam, qui vit avec un bébé de neuf mois. Tout ce que le Samu social a pu offrir à ces femmes sans-abris, c'est une dizaine de lits de camps. Les travailleurs sociaux du Samu Social sont démunis face à cette situation. "On travaille sans réponse, sans moyen", déplore Clémence qui effectue des maraudes la nuit.

Fatou et sa fille ont vécu une expérience similaire. Elle a appelé le Samu social et, en l'absence de place pour un hébergement, elle a dû trouver refuge aux urgences d'un hôpital, où un petite pièce a été aménagée à cet effet. "Il n'y a pas assez de ressources pour héberger toutes les familles. Je me retrouve dans la rue avec un petit enfant. J'ai pensé à me suicider", confie-t-elle. "Mais j'ai pensé à mon enfant. Elle a besoin de sa maman pour grandir", conlut-elle.

Les associations tirent la sonnette d'alarme

Ce constat a poussé Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu Social en 1993, à claquer la porte de son institution mercredi. Un départ qualifié mercredi matin sur Europe 1 de "cri d'alarme justifié" par Christophe Deltombe, le président d'Emmaüs.

Christophe Robert, président de la Fondation Abbé Pierre, tire lui aussi la sonnette d'alarme. "Nous sommes scandalisés. On nous baisse les crédits pour les places hôtelières, pour l'hébergment d'urgence" déplore-t-il. "Le fait que des personnes soient obligées de dormir dans leurs voitures, dans des caves ou des parcs est totalement indigne d'un pays comme la France", s'insurge-t-il.

Le gouvernement nie tout désengagement

Le gouvernement ne partage pas le constat des responsables associatifs. "Parler d'un désengagement de l'Etat est une véritable contre-vérité", a réfuté mercredi sur Europe 1 Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la cohésion sociale. Nous sommes passés de 600 chambres mobilisés à 12000 chambres d'hôtel entre 2000 et 2011" argumente-t-elle. "C'est un travail incessant, une préoccupation permanente".