Hazanavicius et "l'arrogance" de Barroso

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Thomas Morel , modifié à
INTERVIEW E1 - Le réalisateur français a fustigé mardi les propos du président de la Commission européenne sur la France "réactionnaire".

L'exception culturelle française n'en finit plus de faire réagir. Lundi, José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, a affirmé que l'intransigeance de la France, qui a obtenu que la culture soit exclue du champ des négociations sur le traité de libre-échange Europe-Etats-Unis, était "réactionnaire". Mardi matin, Michel Hazanvicius, le réalisateur primé aux oscars de The Artist,  lui a répondu sur l'antenne d'Europe 1 : "Si vouloir réguler la culture c'est être réactionnaire, alors soit, nous (Les membres de la société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs, ndlr) sommes réactionnaires".

Barroso, "beaucoup de suffisance". Selon Michel Hazanavicius, les propos de Barroso sont "très révélateurs d'une certaine attitude de ces personnes qui, rappelons-le, ne sont pas élues, et gouvernent l'Europe (...) avec beaucoup d'arrogance, de suffisance." Le réalisateur estime d'ailleurs qu' "il y a un vrai problème de gouvernance de l'Europe" : "cette suffisance, cette non écoute des secteurs d'activités, cette manière de travailler seul sans écouter personne, fait qu'au final il n'y a pas vraiment de politique en Europe, mais seulement des dogmes."

"Il ne faut pas nous couper les pattes". Hazanavicius estime par ailleurs que l'exception culturelle est la garante de la vivacité du cinéma français : "Nous sommes une des rares industries qui va bien. (...) On créé du lien social, on est une définition de l'Europe à mon avis bien plus noble que celle de Barroso. Il ne faut pas nous couper les pattes ! Sans l'exception culturelle, il serait très compliqué pour nous d'être compétitifs avec le marché américain. Eux peuvent faire des films à 100 millions de dollars, ils vont le vendre sur toute la planète. Nous, on ne peut pas". Selon lui, le risque c'est que l'industrie cinématographique française s'affaiblisse petit à petit : "le risque, c'est d'avoir un cinéma qui se sclérose, comme a pu le vivre le cinéma italien, qui était un des meilleurs du monde pendant au moins 20 ans..."