Harcèlement scolaire : "il y a un vrai déni de l’institution"

Hélène Romano
Hélène Romano © DR
  • Copié
Elodie HUCHARD
VOTRE CHOIX D’ACTU DU 14 NOVEMBRE - Le harcèlement scolaire touche un enfant sur dix. Et tourne parfois au drame.

Chaque jour avec "Votre choix d’actu", Europe 1 vous propose de définir un thème qui sera approfondi dans Europe midi – Votre Journal animé par Wendy Bouchard. Dès 9h, rendez-vous sur la page d’accueil d’Europe1.fr pour voter. Vous pouvez le retrouver sur www.europe1.fr/Info/Votrechoixdactu

>>>Jeudi 14 octobre, vous avez été 70% à faire "Votre choix d’actu" sur le harcèlement scolaire. Marion, 13 ans, victime de harcèlement à l'école, s’est pendue chez elle en février alors qu’elle avait tenté de dénoncer les attaques dont elle était la cible auprès de son collège. Hélène Roméro, docteur en psychopathologie et experte pour l’Education Nationale, répondait aux questions des auditeurs dans Europe midi-Votre journal.

Harcèlement scolaire: "Il y a un vrai déni de l'institution"

Les cas d'élèves harcelés qui essaient d'attenter à leur vie sont-ils fréquents ?

C'est de plus en plus fréquent. Il faut bien comprendre que pour en arriver là, l'enfant a souffert pendant des mois, voire des années. C'est rarement un geste ponctuel, ça vient à l'issue de très nombreuses années de souffrance, dans un contexte où très souvent l'enfant harcelé a beaucoup de mal à en parler, marqué par la gêne, par la peur, par la honte. Il y a des troubles majeurs et en fait le suicide c'est pour ne plus souffrir parce qu'il ne voit plus de pistes, parce qu'il ne voit plus de perspectives. C'est vraiment une atteinte de la dignité de l'enfant avec des formes extrêmement variables.

Comment peut-on prévenir le harcèlement ?

C'est encore un tabou parce que le harcèlement scolaire n'est pas reconnu dans le Code pénal. Quand les personnes veulent porter plainte, c'est compliqué car ça n'existe pas. Il faudrait déjà que ça puisse être pénalisé. Cela n'existe pas parce que ça prend des formes variables, de nature psychologique, sexuelle, physique mais aussi matérielle avec les dégradations des cartables, des cahiers...Donc on pourrait le prévenir très précocement parce que ça commence en primaire voire plus tôt en grand section de maternelle par des petites formes de bagarre, de racket sauf que le harcèlement n'a pas d'objet particulier. Ils s'arrachent leurs affaires, ils se volent leurs affaires mais pas pour se les approprier, juste pour blesser l'autre. On pourrait faire beaucoup de choses au niveau de l'estime de soi, du travail en commun dès les jeunes classes en primaire, en collège et commencer très précocement auprès des enfants, auprès des écoles et auprès des enseignants. Il y a un vrai déni sur le terrain, même si certains essaient de faire en sorte que ça change. Il y a un vrai déni de l'institution au-delà de certains discours.

Comment peut-on détecter que son enfant est victime de harcèlement ? La plupart d'entre eux présentent des troubles psychosomatiques quand il faut aller à l'école, ils vomissent, ils ont mal au ventre, ils ont très, très peur d'y aller. Ces enfants en parlent très peu directement tellement ils ont honte. Ils sont tristes, ils n'ont plus d'envie, ils dorment mal. En dehors de l'école, ce sont des enfants qui n'ont pas de problèmes.