Gardasil : d'autres plaintes à venir ?

© STEPHANE PLACE/EUROPE 1
  • Copié
et Jean-Sébastien Soldaïni, avec Laure Dautriche et agences , modifié à
Une jeune femme accuse le vaccin d'avoir provoqué une sclérose en plaques. Trois autres plaintes devraient suivre.

L'info. C'est une première. Une plainte a été déposée contre le laboratoire pharmaceutique Sanofi Pasteur qui développe le Gardasil, mais aussi contre l'Agence du médicament. Une jeune fille de 18 ans accuse ce vaccin, recommandé par le ministère de la Santé pour prévenir les cancers du col de l'utérus, d'avoir provoqué sa sclérose en plaques, révèle le Journal du Dimanche. Et depuis son témoignage, de nombreuses autres patientes se sont manifestées, a expliqué lundi au micro d'Europe1 Jean-Christophe Coubris, l'avocat de la jeune fille.

"Malheureusement, je constate que suite à ce dépôt de plainte, nous avons reçu une cinquantaine de témoignages. Et toutes les heures, il y a une dizaine de familles qui communiquent pour expliquer leur détresse. Ces familles expliquent que leur fille était en pleine santé, et se retrouve avec une maladie extrêmement difficile à gérer. Nous ne demandons pas le retrait du vaccin, nous souhaitons seulement qu'il y ait une information loyale", a-t-il commenté. Les plaintes de trois autres malades pourraient en effet rapidement suivre.

Des effets secondaires "rares mais gravissimes". Les doutes sur les effets secondaires du Gardasil existent depuis la mise sur le marché du vaccin. Selon l'avocat de la plaignante, ils sont "rares mais gravissimes". Dans le cas de Marie-Océane Bourguignon, sa cliente, il s'agit d'une sclérose en plaques. Marie-Océane et son avocat reprochent au Laboratoire Sanofi Pasteur MSD de ne pas avoir informé les utilisateurs du Gardasil des risques inflammatoires du système nerveux central alors que ces risques ont été identifiés depuis 2009, suite à une déclaration d'effets indésirables. Ils reprochent également à l'ANSM de n'avoir pris aucune mesure à l'encontre du laboratoire. La plainte vise donc une "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine", a indiqué Me Jean-Christophe Coubris, par ailleurs avocat de victimes de l'antidiabétique Mediator.

vaccin, tuberculose, santé

Les experts font le lien. Après deux injections de vaccin Gardasil en octobre puis décembre 2010, la jeune femme, âgée de 18 ans aujourd'hui, a été hospitalisée à plusieurs reprises en 2011, à Dax, après des vertiges et des vomissements, puis au CHU de Bordeaux, après avoir souffert d'une perte de la vue, de la marche et de paralysie faciale notamment. Après un an, son état s'est stabilisé en août 2012, mais présente une fatigabilité persistante gênant sa scolarité. La patiente et son avocat fondent la plainte sur l'avis rendu par un comité d'experts, la commission bordelaise des accidents médicaux, saisie par les parents de Marie-Océane. En septembre 2012, cette dernière a reconnu un lien direct entre la maladie neurologique dont souffre cette jeune landaise et sa vaccination quelques mois plus tôt.

Responsable à 50%. Les experts ont toutefois tempéré leur diagnostic en expliquant que les effets secondaires liés au Gardasil se sont produits sur une jeune femme qui présentait un terrain favorable au développement de cette maladie. Selon eux, le vaccin ne serait responsable qu'à 50% de la sclérose en plaques de Marie-Océane. Concrètement, la jeune femme peut donc être indemnisée même si la dangerosité du produit n'est pas formellement établie.

Bataille d'experts en vue. Pour les pourfendeurs du vaccins, c'est l'aluminium, présent dans le vaccin comme adjuvant, qui est la cause du déclenchement de la sclérose en plaques. Pour ses défenseurs, au contraire, la patiente était génétiquement vulnérable à cette maladie auto-immune et l'aurait développée même sans le vaccin.

La plaignante "a peut-être un terrain favorable, mais qu'importe : l'information doit passer avant tout : ce que je demande, c'est tout simplement plus de transparence. Je demande de la part des laboratoires de reconnaitre que ce vaccin comporte des risques pour une certaine population. Il est indispensable qu'ils communiquent à ce sujet, qu'ils ne soient pas dans ce déni dans lequel ils sont depuis plusieurs années", a réagi Me Jean-Christophe Coubris, dimanche soir sur Europe 1.

Depuis 2006, 5 millions de Françaises ont été vaccinées avec le Gardasil. Une étude statistique est en cours pour déterminer le nombre de cas inquiétants. Une étude commandée par l'Agence du médicament, elle aussi visée par la plainte de la jeune femme.

sanofi-pasteur-maxppp

Sanofi dément tout lien. Sanofi Pasteur MSD a démenti dimanche tout lien entre le Gardasil et la survenue de cas de sclérose en plaques. Dans un communiqué, le laboratoire pharmaceutique dit avoir été informé le 18 septembre des conclusions de la Commission régionale de concialition et d'indemnisation des accidents médicaux (CRCI) de Bordeaux. Sanofi Pasteur MSD "conteste" les conclusions de la CRCI qu'elle estime "en contradiction avec les données de la littérature scientifique et les avis des autorités de santé nationales et internationales".

"Les études conduites en France et dans le monde pour évaluer l'association éventuelle entre la vaccination anti-HPV et la survenue de cas de sclérose en plaques n'indiquent aucune augmentation du risque d'apparition de cette maladie", affirme le laboratoire pharmaceutique. Sanofi Pasteur MSD "regrette que les conclusions formulées par les experts de la commission, qui ne sont fondées sur aucune preuve scientifique, jettent le discrédit sur le vaccin Gardasil et la vaccination anti-HPV en général", poursuit le communiqué. Selon le laboratoire, les conclusions de la CRCI s'appuient "uniquement sur la constatation d'une coïncidence temporelle" entre la vaccination et la survenue des symptômes.