Facebook : un patron dénigré peut licencier

Les prud-hommes de Boulogne-Billancourt ont considéré Facebook comme un espace public.
Les prud-hommes de Boulogne-Billancourt ont considéré Facebook comme un espace public. © MAXPPP
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avec Fabien Cazeaux , modifié à
Des prud’hommes ont jugé fondés le licenciement d’employés ayant dénigré leur hiérarchie.

Les employés savent désormais qu’ils n’ont pas intérêt à dénigrer leur hiérarchie sur Facebook, sous peine de licenciement. Un licenciement bel et bien valable, a tranché vendredi le conseil des prud’hommes de Boulogne-Billancourt. La juridiction des Hauts-de-Seine a en effet jugé "fondée" la décision de la société d'ingénierie Alten de se séparer de trois salariés qui s’étaient épanchés sur le réseau social.

Pour l'avocat de deux des accusées, c'est la "déception" qui prime. "D’une part parce qu’il s’agissait de faits bénins, mais aussi, plus largement, pour le droit au respect la vie privée, donc pour tous les justiciables, en tous cas ceux qui utilisent Facebook", explique Grégory Saint-Michel à Europe 1. "Facebook n’est pas un espace privé, dit le conseil de prud’hommes, qui précise que dès lors qu'une discussion s'engage sur la page d'un utilisateur, comme elle peut être accessible, eh bien ça n’a pas de caractère privé".

Ecoutez Me Saint-Michel :

"Club des néfastes"

"La page mentionnant les propos incriminés constitue un moyen de preuve licite du caractère bien-fondé du licenciement", a estimé le conseil des prud'hommes. Les faits reprochés aux salariés remontent à décembre 2008. Lors d'échanges sur Facebook, l'un des salariés, s'estimant mal considéré par sa direction, avait ironisé sur sa page personnelle, en disant faire partie d'un "club des néfastes". Deux autres employées avaient répondu : "bienvenue au club".

La direction d'Alten, prévenue par un autre salarié qui avait accès aux échanges sur le réseau social en tant qu'"ami", avait alors décidé de licencier les trois salariés pour "faute grave", considérant leurs propos comme un "dénigrement de l'entreprise" et une "incitation à la rébellion". A la stupéfaction des intéressés. "Je ne vois pas ce qu’il y a de dénigrant, je ne vois pas en quoi j’ai incité à la rébellion envers ma hiérarchie. On discutait, on rigolait, et on a été licenciés pour ça", s’insurgeait une employée au micro d’Europe 1 avant l’audience.

Les salariées ne comptent pas en rester là. "Evidemment, nous allons faire appel, conclut Me Saint-Michel.