Elle refuse la Légion d’honneur

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Solène Cordier avec AFP , modifié à
La chercheuse Annie Thébaud-Mony veut attirer l’attention sur les maladies professionnelles.

Cela fait des années qu’elle lutte pour faire reconnaître que "travailler peut nuire gravement à votre santé". C’est d’ailleurs le titre d’un des ouvrages écrits par la chercheuse Annie Thébaud-Mony, qui a refusé cette semaine la Légion d’honneur que voulait lui remettre Cécile Duflot.

Un "appel à la mobilisation citoyenne"

Ce refus est une autre manière de faire entendre la cause pour laquelle elle se bat. C’est ce qu’elle explique dans une lettre adressée à la ministre du Logement et rendue publique samedi, dans laquelle elle dénonce l'"indifférence" qui touche la santé au travail et l'impunité des "crimes industriels".

"Ma démarche se veut un appel à la mobilisation citoyenne, mais aussi parlementaire et gouvernementale, pour le respect des droits fondamentaux à la vie, à la santé, à la dignité", écrit la directrice de recherche honoraire à l’’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), en accompagnement de sa lettre à la ministre datée du 31 juillet.

Le drame des maladies professionnelles

Précisant que cette décision n’est "pas contre Madame Duflot", la spécialiste des cancers professionnels laisse entendre sa colère. "Nous voulons être pris au sérieux lorsque nous donnons à voir cette dégradation des conditions de travail (...), le drame des accidents du travail et maladies professionnelles, mais aussi l'accumulation des impasses environnementales, en matière d'amiante, de pesticides, de déchets nucléaires et chimiques..."

Dans cette vidéo, elle explique à quel point les cancers professionnels sont sous-estimés :

"Le transfert des risques vers des populations précarisées"

"Cessons les vraies fausses controverses sur les faibles doses. Des politiques publiques doivent devenir le rempart à la mise en danger délibérée d'autrui, y compris en matière pénale", soutient-elle dans son courrier.

Cette spécialiste, également porte-parole de l'association Ban Asbestos France, qui lutte contre l’utilisation de l’amiante, évoque par ailleurs "la sous-traitance et le transfert des risques vers des populations très précarisées (maintenance, nettoyages, gestion des déchets)" .

Un thème qu’elle a développé dans son livre L’industrie nucléaire, sous-traitance et nucléaire.

Contre la précarité des chercheurs

La chercheuse dont la carrière a été "bloquée pendant dix ans", plaide également pour qu'enfin la recherche sur l'exposition aux cancérogènes au travail soit dotée des moyens financiers publics nécessaires et que les jeunes chercheurs qui s'y adonnent cessent d'être maintenus dans un statut précaire.