Du taureau au menu de la Banque alimentaire

Dans les départements à tradition tauromachique, la consommation locale de la viande issue des corridas est autorisée.
Dans les départements à tradition tauromachique, la consommation locale de la viande issue des corridas est autorisée. © MAXPPP
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Charles Carrasco avec AFP
Les associations anti-corrida s’opposent à la distribution de cette viande aux plus démunis.

La viande issue de la tauromachie est-elle une nourriture comme une autre ? La polémique enfle dans le Vaucluse après que la Banque alimentaire a défendu lundi la décision de son antenne locale d'accepter de la viande de taureaux tués lors d'une corrida. De la viande proposée par les abattoirs et qui représente près de 10.000 repas. Les militants anti-corrida sont évidemment contre.

La consommation est autorisée dans le département

La viande, d’une valeur commerciale d’environ 5.000 euros, a été donnée par les abattoirs Alazard et Roux de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône. Il s’agit d’un partenaire régulier de la Banque alimentaire du Vaucluse. Elle provient de six taureaux tués dimanche dans les arènes de Châteaurenard.

Dans les départements à tradition tauromachique, la consommation locale de la viande issue des corridas est autorisée. Mais l'initiative des abattoirs, annoncée dans la presse locale, a été dénoncée sur Facebook par des militants anti-corrida. Puis c’est la Fédération des luttes pour l'abolition des corridas (FLAC) qui a pris le relais dans la presse et en écrivant à la Banque alimentaire du Vaucluse.

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"Nous vous demandons avec toute notre force de renoncer à cette viande issue d'une souffrance particulièrement révoltante. Comme c'est le cas pour les Restos du Cœur qui l'ont toujours refusée. Ajouté à cela, cette viande stressée et pleine de toxines n'est pas sans risque", a détaillé dans un courriel Thierry Hély, chargé de communication à la FLAC. "Pour nous, cela pose un problème éthique. La présidente de la Banque alimentaire du Vaucluse n'a pas conscience qu'accepter un tel don, ce n'est pas moral. Cette viande a une odeur de barbarie", a déploré Thierry Hély.

"L’état d’insécurité alimentaire"

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© Max PPP

Malgré l’origine de cette viande qui fait polémique, la Banque alimentaire ne compte pas s’en passer. "Nous reconnaissons aux associations et aux personnes le droit de s'indigner contre la pratique de la corrida. Mais pour notre part, nous nous indignons de l'état d'insécurité alimentaire que connaissent près de 23.000 personnes du Vaucluse", a rétorqué Maurice Lony directeur fédéral de la Banque alimentaire dans un communiqué.

Pour justifier sa décision, la Banque alimentaire assure que si elle n’accepte pas ce don, cette viande sera "soit commercialisée, soit transformée en farine animale, soit détruite. Nous offrons une autre possibilité qui fera que cette viande aura une destination utile", a-t-il affirmé.

"Renouer avec cette tradition"

De côté des abattoirs, on assure que "cette viande est consommée uniquement par des amateurs pendant la saison des ferias. Mais historiquement, on la donnait aux nécessiteux dans les villages. L'idée, c'est de renouer avec cette tradition", a pour sa part expliqué Olivier Roux, le patron des abattoirs.

"En cette période de crise, il y a des gamins qui ne bouffent pas de protéines animales. Alors pourquoi ne pas relancer le truc ? ", s’est interrogé Olivier Roux pour qui les 700 taureaux mis à mort chaque année "d'Arles à Biarritz" pourraient être une nouvelle source alimentaire pour les plus démunis.