Drogue : le film Paulette, c'est son histoire

L'actrice Bernadette Lafont incarne une retraitée devenue trafiquante de drogue. Comme Sylvie.
L'actrice Bernadette Lafont incarne une retraitée devenue trafiquante de drogue. Comme Sylvie. © CAPTURE D'ECRAN
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et Chloé Triomphe , modifié à
TEMOIGNAGE E1 - Bernadette Lafont incarne une retraitée devenue dealeuse. Un peu comme Sylvie.

Le film. Paulette (incarnée par Bernadette Lafont) vit seule dans son petit appartement d'une cité HLM de la banlieue parisienne. Avec sa maigre retraite, elle n’arrive plus à joindre les deux bouts. Cette ancienne pâtissière décide alors de se lancer dans la vente de cannabis. Qui soupçonnerait cette retraitée d'être une trafiquante de drogue ?

Regardez la bande-annonce du film :

L'histoire vraie. Comme Bernadette Lafont dans le film, Sylvie* voulait arrondir ses fins de mois et éponger ses dettes. Elle aussi est donc devenue "nourrice" (qui désigne dans le jargon policier une personne qui garde de la drogue chez elle pour le compte de dealer, ndlr) et même dealeuse de cocaïne. Un trafic pour lequel Sylvie a été condamnée à deux ans de prison. "Plus jamais je ne referai ça", témoigne-t-elle aujourd'hui sur Europe 1.

Comment est-elle passée du mauvais côté de la barrière ? Gérard*, le mari de Sylvie, est un ancien livreur de magazines à la retraite. Elle, entre ses ménages et quelques jours d'intérim comme vendeuse, ne gagne pas grand chose. Le couple contracte de nombreux prêts pour lui, mais aussi pour aider ses enfants. Mais ils n'arrivent plus à tout rembourser. C'est par les mauvaises fréquentations de leur fils que le couple décide de se lancer dans le trafic de drogue. "Moi, ce que je voulais c'est qu'on gagne assez pour payer les dettes tout de suite. Et puis être tranquille et qu'on arrête tout", raconte Sylvie.

"Il y a des gens qui nous ont donné des contacts sur la Belgique", se souvient Sylvie. Tout semblait même assez simple : après avoir acheté la drogue de l'autre côté de la frontière "on revenait, je préparais les paquets et on les revendait", explique Sylvie, qui précise qui ni elle ni son mari n'étaient "consommateurs".

"J'ai vu que j'allais couler". "Je voyais l'illégalité de la chose. Mais je voyais aussi que si je ne faisais pas ça, je perdais ma maison, mes meubles, tout ce que j'avais réussi à construire. Et à plus de 50 ans tout recommencer à zéro, c'était pas possible", reconnaît Sylvie. "Plus d'une fois j'ai réussi à m'en sortir, mais là trop c'est trop. J'ai vu que j'allais couler", poursuit-elle.

Sylvie se souvient aussi de la difficulté à tenir le rythme. "C'est impossible à vivre. Ces gens là viennent frapper chez vous tous les jours, 24 heures sur 24, il n'y a pas de limite. Ils viennent là en pleurant, en mettant tout par terre. Vous n'avez plus aucune vie", raconte-t-elle.

Case prison. Le couple est finalement arrêté et jugé. Sylvie a été condamnée à deux ans de prison. Elle a pu sortir en octobre dernier mais porte encore un bracelet électronique qui l'oblige à rester chez elle les week-ends et jours fériés ainsi que tous les jours après 16 h. Gérard, lui, sort mercredi de la prison d'Amiens.

* Les prénoms ont été changés