Des soins palliatifs encore insuffisants

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L'observatoire national de la fin de vie a remis mercredi son premier rapport à François Fillon.

Le débat sur l'euthanasie est relancé. Alors que François Hollande a récemment annoncé son projet de légaliser l'euthanasie, le rapport de l'Observatoire national de la fin de vie était très attendu.

Les demandes d'euthanasie en augmentation

Selon le professeur Régis Aubry, qui préside l'Observatoire national de la fin de vie, "les demandes d'euthanasie sont en augmentation du fait surtout des situations complexes que la médecine est capable de générer pour les patients". Il souligne aussi que l'application de la loi Leonetti "tarde" parmi les professionnels de santé.

Selon l'étude, 64% des personnes qui décèdent dans les services d’urgence auraient en effet besoin de soins palliatifs, soit plus de 322 158 personnes chaque année. Or, seules 7,5% semblent en avoir bénéficié. On est donc très loin de l'application de la loi Léonetti sur la fin de vie qui impose la généralisation des soins palliatifs, rapporte La Vie.

La loi Leonetti méconnue des généralistes

L'Observatoire souligne ainsi une méconnaissance générale de la loi Leonetti : "deux Français sur trois ignorent" un dispositif qui, depuis 2005, interdit l'acharnement thérapeutique et instaure un droit au "laisser mourir". La loi Leonetti autorise l'administration par les médecins de traitements anti-douleur permettant de soulager la souffrance, avec pour "effet secondaire d'abréger la vie" d'un malade en "phase avancée ou terminale d'une affection grave et incurable".

L'Observatoire souligne que "depuis le vote de la loi Leonetti, seuls 2,6% des médecins généralistes ont pu bénéficier de formation à l'accompagnement de la fin de vie". Dans un communiqué, François Fillon a fait savoir qu'il comptait aller plus loin. Il dit avoir demandé à ses ministres de "préparer le nouveau cadre qui permettra la continuité et le renforcement de l'action publique en matière de soins palliatifs".

Une des rédactrices du rapport démissionne

Cette étude s'inscrit par ailleurs dans un contexte toujours aussi tendu. Et pour cause, alors que la majorité des candidats à l'élection présidentielle sont défavorables à l'euthanasie, le positionnement de François Hollande a fait de cette question sensible un thème de campagne.

S'ajoute à cette polémique la démission de la psychologue Marie de Hennezel de l'organisme qui a rédigé le rapport. Cette dernière a fait connaître son désaccord sur le contenu du rapport qui, selon elle, "ne fait que compiler des études".

Le document ne comporte pas, en effet, les résultats d'une étude de l'Institut national des études démographiques (INED) sur les circonstances des décès et la réalité des pratiques d'euthanasie en France. Ces résultats devraient être communiqués en avril.

L'objectif de ce rapport de l'Observatoire, créé en 2010 après l'affaire Chantal Sebire, est de faire le point sur le sujet après le vote en 2005 de la loi "Leonetti" autorisant l'euthanasie dite "passive", c'est-à-dire l'arrêt des traitements pour les malades mourants ou l'administration d'antalgiques à des doses susceptibles d'être mortelles.

Droite et gauche divisés

Le président de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD, pro-euthanasie) et conseiller régional PS d'Ile-de-France Jean-Luc Romero a durement critiqué le rapport qualifié de "brûlot anti-euthanasie".

"Ce rapport n'a aucune crédibilité", a-t-il renchéri sur France Info. "Alors qu'entre 81 et 94% des Français demandent la légalisation de l'euthanasie (...) l'Observatoire national de fin de vie (...) préconise le statu quo", critique-t-il.

Nicolas Sarkozy, qui devait déclarer mercredi soir sa candidature à la présidentielle, s'est déjà prononcé contre une évolution législative sur la fin de vie et l'euthanasie. Au contraire, le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, s'est dit partisan, dans "des conditions précises et strictes", d'une "assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité".