Des lesbiennes obligées de reconnaître les droits du père

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avec AFP , modifié à
Le géniteur a obtenu le droit d’être père. Il s'était pourtant engagé à ne pas demander la paternité.

Il ne devait que jouer le rôle de "géniteur". Quatre mois après le vote de la loi sur le mariage gay et l'adoption, le débat sur la définition juridique des droits des familles homoparentales est relancée. Un couple de lesbiennes s'est en effet vu contraint par la justice de reconnaître les droits de visite et d'hébergement du père de son enfant. Ce dernier était pourtant "simple géniteur" lors de la conception mais a décidé, sept mois après la naissance, de reconnaître l'enfant.

Des instincts paternels soudains. "Meilleur ami" du couple de femmes, Sébastien avait accepté de leur donner son sperme et de renoncer à tous ses droits sur l'enfant. "On est dans une conception artisanale" avec "le meilleur ami du couple à qui a été demandé d'être le donneur de sperme", abonde l'avocate du papa, Me Magali Castelli-Maurice. Mais en septembre 2011, soit sept mois après la naissance de l'enfant, le jeune homme a subitement "envie d'être père" et décide de reconnaître le nourrisson.

Le couple refuse d'accorder la paternité. "Il y a un monsieur qui a rendu service à ma cliente et sa compagne. Il a changé d'avis et voulu prendre sa place de père", a résumé Me Bouillon, l'avocate de la mère. La demande "de reconnaissance des droits est on ne peut plus classique, mais la particularité c'est qu'on a un couple d'homosexuelles qui a refusé la présence du père", a rétorqué l'avocate du jeune homme, Me Magali Castelli-Maurice.

Selon elle, en janvier, un juge d'Orléans avait déjà homologué un droit de visite et d'hébergement, rendu caduc par le départ précipité du couple de lesbiennes à Nantes. Après cette procédure, les deux femmes - qui assurent qu'elles "voulaient que l'enfant connaisse ses origines, mais pas tout de suite, seulement quand il aurait posé des questions" - ont en effet décidé de déménager en catimini. Ce qui a rendu nécessaire une nouvelle procédure auprès du juge des affaires familiales de cette ville.

Les droits du père instaurés de manière progressive. Lundi, le juge des affaires familiales de Nantes a donc "organisé les droits du père et des rencontres progressives avec l'enfant pour s'orienter vers un droit de visite et d'hébergement classique", a indiqué l'avocate de la mère, Me Anne Bouillon. La mère a pourtant fait valoir devant le juge que "la famille : c'est moi et ma compagne. On n'avait pas prévu que ce monsieur viendrait revendiquer ses droits", a rapporté Me Bouillon.

"Ca bouleverse notre famille", a souligné la mère, selon les propos de Me Bouillon qui a précisé que sa cliente "n'avait pas demandé au juge de nier les droits du père". Reste que "le projet parental initial était construit entre deux femmes", a rappelé Me Bouillon.