Des infirmières, pas des "pigeonnes"

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François Coulon et Sophie Amsili , modifié à
TEMOIGNAGE E1 - Une journée de mobilisation contre leurs conditions de travail a lieu lundi.

L'actu. Des soignants, réunis dans un collectif, se mobilisent lundi pour dénoncer leurs conditions de travail au quotidien, selon les informations recueillies par Europe 1.

Le cri de colère. "Je suis sortie de l'école avec des valeurs, des principes, une très grande motivation et (…) on se prend des claques dans la figure". Sophie, 23 ans, déchante depuis qu'elle exerce en tant qu'infirmière dans le service de gériatrie d'un hôpital de Bretagne. "Il y a des choses effrayantes qui se passent, assure-t-elle. Des gens qui se font frapper ou à qui on ne donne pas à manger volontairement."

La jeune femme se dit "écœurée" par son environnement de travail où des soignants épuisés peuvent mal réagir face à des patients difficiles. "Moi ça m'arrive, je crie", avoue-t-elle. "Je me sens mal quand je fais ça, je ne me reconnais pas. C'est ça qui m'effraie : on peut tous déraper à n'importe quel moment."

Pour elle, "tout a un rapport avec l'argent", dénonce-t-elle. Sophie prend pour exemple une formation où on lui a appris que les plaies d'escarres rapportaient plus d'argent  lorsqu'elles évoluaient mal. "On nous a fait comprendre que (…) du coup, ce n'était pas plus mal si on ne se rendait pas compte de l'évolution de la plaie, parce que ça rapporte plus de sous". "Ça me donne la nausée", ajoute-t-elle, confiant qu'en un an, elle a perdu huit kilos.

La mobilisation. Sophie n'est donc pas la seule infirmière à se dire malade de son travail. Regroupés au sein d'un collectif baptisé "Ni bonnes, ni nonnes, ni pigeonnes", des soignants de toute la France vont manifester lundi dans une vingtaine de grandes villes. En deux mois, le groupe Facebook a rassemblé près de 28.000 membres.

Sur Twitter également, un compte a été créé et dénonce, tous les jours ou presque, les difficultés quotidiennes de soignantes.

Le collectif affirme être révolté par le "silence ahurissant des pouvoirs publics face à ce malaise, face aux suicides des soignants et face au chômage infirmier masqué sous une pénurie organisée". Il demande notamment "la mise en place de postes supplémentaires", "des revalorisations salariales et d'honoraires", "un vrai statut pour l'aide-soignante", "la reprise en compte de la pénibilité" et "l'intégration de nos primes pour nos retraites".