Des cours d'autodéfense aux urgences

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et Laure Dautriche , modifié à
EXCLU E1 - Un mois après la polémique sur la sécurité dans les hôpitaux, celui de Limoges instaure des cours.

Le self-defense entre aux urgences. En 2012, plus de 8.000 atteintes aux personnes ont été déclarées à l'Observatoire national des violences en milieu de santé. Si les menaces avec armes sont assez peu nombreuses, les violences et menaces physiques représentent 67 % des cas. Et les insultes sont de 25 % des cas. Face à la montée de la violence dans les hôpitaux, des soignants s'initient aux sports de combat. Il s'agit donc pour les personnels soignants (médecins, infirmiers, aides soignants) qui travaillent au service des urgences de se protéger.

>> Europe 1 s'est rendu au CHU de Limoges qui propose des formations de self-defense de trois jours.

Des patients munis d'armes blanche. Dans une petite salle de l'hôpital, ils s'entrainent sur des tapis, avec des couteaux en bois et des boucliers en plastique. Le personnel de l'hôpital travaille sur la neutralisation du patient. C'est Jean-Marc Néel, médecin et spécialiste des arts martiaux qui se charge de cette formation pratique. "Un petit coup dans le genoux, tu pousses doucement, en l'accompagnant. Vous voyez, il est sur le dos, il ne peut pas riposter. On est là pour neutraliser une personne avec que l'on a autour de nous, ça peut être une chaise, ça peut être un drap. On peut avoir affaire à un patient qui est rentré à l'hôpital avec une arme blanche", déplore le professeur rencontré par Europe 1.

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"Ça nous est nécessaire maintenant". Dans la salle, beaucoup de médecins qui travaillent aux urgences on fait le déplacement. C'est le cas de Stéphane qui a décidé de s'inscrire après avoir été agressé par un patient. "C'est un patient qui a peté un plomb dans une salle des urgences. Il a fallu lui sauter dessus avec d'autres collègues pour l'immobiliser le maitriser. Le moindre objet peut devenir une arme. Et donc cette approche est vraiment ce que je recherchais. Ca nous est nécessaire maintenant", estime-t-il. Laurette, elle, est là pour reprendre confiance. "On ne sait pas forcément comment réagir face à la violence. D'autant plus qu'on n'est pas là pour ça. J'irais plus sereine en sachant que je vais pouvoir me protéger, pas me défendre, mais du moins me protéger", confie-t-elle au micro d'Europe 1.

"Le personnel se sent plus en sécurité". Des propos confirmés par le Docteur Dominique Grouille, praticien hospitalier à Limoges qui pratique les arts martiaux depuis 40 ans. Le médecin enseigne à tous les personnels des urgences du CHU de Limoges, une méthode de self-defense qu'il a créée en 1995 et qui rencontre un grand succès ces derniers temps. "Quand on a démonté ces violences, le personnel se sent plus en sécurité, plus sur de ses collègues qui peuvent intervenir pour les aider. Ils sont très demandeurs", commente le médecin sur Europe 1. A Limoges, ces cours d'auto-défense sont financés par l'hôpital. Et depuis peu, la formation est obligatoire pour tout le personnel des urgences.