Cet hiver, la France va manquer d'électricité

L'arrêt de centrales nucléaires allemandes menace l'approvisionnement énergétique pour cet hiver en France.
L'arrêt de centrales nucléaires allemandes menace l'approvisionnement énergétique pour cet hiver en France. © MAX PPP
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et Julien Pearce , modifié à
ENQUETE - L'arrêt de centrales allemandes menace l'approvisionnement énergétique en France.

Aurons-nous assez d'électricité cet hiver ? Pas sûr. Selon étude annuelle de l'Observatoire européen des marchés de l'énergie de CapGémini, le risque de pannes d'électricité est réel. L'Allemagne qui aidait la France à faire face aux pics de consommation a réduit sa production. Nous devons trouver d'autres solutions. Mercredi, Eric Besson, le ministre de l'Industrie et de l'Energie recevra un rapport sur le sujet.

L'Allemagne n'est plus la roue de secours

L'hiver dernier, la France n'était pas passée loin du black-out. Mais EDF avait importé de l'électricité d'outre-Rhin pour satisfaire la demande. Cette année, la situation est différente. L'Allemagne a amorcé sa sortie du nucléaire et coupé huit de ses réacteurs.Conséquence, nos voisins allemands produiront cet hiver 8.000 mégawatts en moins. Or, c'est exactement ce que la France a importé en 2010 pour faire face aux pics de consommation, comme le 15 décembre dernier. En cas de nouvelle crise, notre fournisseur de secours ne pourra plus être l'Allemagne.

La France connaît en général deux à trois moments critiques chaque hiver : en général aux alentours de 19 heures quand les Français rentrent chez eux. Tout le monde allume le chauffage et prépare le dîner, conséquence le réseau est saturé. "On a beaucoup de chauffages électriques en France, donc on est très sensibles à la baisse de températures", explique Colette Lewiner du cabinet CapGémini.

RTE s'inquiète des possibles pannes

EDF est consciente du risque mais ne communique pas officiellement sur la question. Pourtant, en interne, on y travaille : sa filiale de réseau de transport électrique, RTE, est chargée du dossier. Et c'est l'inquiétude qui domine. "On ne sait pas si on pourra alimenter la totalité de nos clients", s'alarme Paul Nembi, délégué syndical Force Ouvrière à RTE. "Tout va dépendre du climat de cet hiver, des moyens de production qui seront rattachés au réseau. Aux heures de pointe, on est limite au niveau production. La moindre panne, la moindre avarie sur les lignes électriques ou les moyens de production pourra nous poser problème", avertit-il.

Seule solution, s'organiser avec nos autres voisins, le Royaume-Uni, l’Espagne ou la Suisse, pour compenser la perte de ces réacteurs nucléaires allemands. Mais selon les experts, la situation risque d'être tout de même très compliquée si le mercure chute fortement.

La Bretagne et Nice particulièrement menacées

Deux zones sont d'ailleurs particulièrement exposées au risque de coupures de courant : la Bretagne et la région de Nice. Toutes deux situées loin des centrales nucléaires françaises, en bout de réseau des lignes à haute tension.