Ces médicaments qui sont "détournés"

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L’affaire Diane 35 ravive la polémique sur l’usage de produits en dehors de leur objectif affiché.

"Il faut trancher pour arrêter cet usage ambigu (…) Il faut arrêter de l'utiliser comme contraceptif. Cette situation a assez duré", a martelé lundi le directeur de l'Agence du Médicament (ANSM), Dominique Maraninchi. Une sortie au vitriol à propos du médicament Diane 35, un traitement contre l’acné aussi utilisé comme contraceptif. Un détournement qui touche d’autres médicaments, pour le meilleur mais aussi pour le pire. Passage en revue de ces utilisations hors AMM (autorisation de mise sur le marché).

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>> Détournés pour maigrir

Mediator, l’icône d’une dérive. Ce médicament contre le diabète a largement été prescrit comme coupe-faim, suscitant  un vaste scandale sanitaire. Au-delà de ce détournement, c’est le médicament en lui-même qui est mis en cause.

Metformine devient un coupe-faim. L’attention portée sur le scandale du Mediator a fait apparaître une autre dérive : le détournement du Metformine pour les mêmes objectifs, là aussi sur prescription des médecins.

Clenbutérol. C’est un cas particulier puisqu’il s’agit d’un produit vétérinaire destiné aux… chevaux mais utilisé en dehors des circuits officiels pour maigrir. 

>> Détourné pour accoucher

Cytotec. Ce médicament du laboratoire Pfizerest indiqué dans le traitement de l'ulcère gastrique ou duodénal évolutif et des lésions gastro-duodénales. Mais l'ANSM a tiré la sonnette d'alarme fin février, constatant que le Cytotec est détourner pour "déclencher" artificiellement un accouchement. Problème : ce médicament n'a jamais été conçu pour cela et un tel usage provoque des risques de rupture de l'utérus, d'hémorragies ou d'anomalies du rythme cardiaque du foetus.

>> Détournés pour l’esthétique

Les crèmes à base de cortisone. Elles ont longtemps été utilisées pour se blanchir la peau, notamment en Afrique. Mais l’ampleur de ce détournement est désormais contenue et ne relève pas du monde médical mais du trafic de type mafieux. L'agence du médicament continue en revanche d'alerter sur les risques des produits de dépigmentation de la peau, commercialisés en France mais clairement déconseillés par les médecins.

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Les crèmes contre les brûlures. Une multitudes de blogs et de forums y voient un moyen bon marché de se procurer un traitement anti-ride, alors même que ces crèmes ne font qu’hydrater la peau. De même, les crèmes pour les hémorroïdes sont parfois utilisées dans la même optique.

>> Détournés pour limiter le stress

Les bêta-bloquants, prescrits pour traiter l’hypertension, sont aussi détournés pour limiter le stress et éviter les tremblements. Les forums regorgent de témoignages de personnes tentées par cette solution pour passer un examen scolaire ou le permis de conduire par exemple. C’est aussi un moyen de se doper dans les sports d’adresse (tir à l’arc, golf, etc.) ou de conduite (voiture, ski, etc.). Ces produits ne sont disponibles qu'avec une ordonnance.

>> Détournés pour essayer de nouvelles solutions

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Baclofène, une piste contre l’alcoolisme. Si le détournement de médicaments est généralement à proscrire, il permet néanmoins de découvrir parfois des effets inconnus et prometteurs. Ainsi, le Baclofène, qui est prescrit comme décontractant musculaire, pourrait se révéler utile dans la lutte contre l’alcoolisme. Chez certains patients, il réduit notablement l’envie de boire.

L’aspirine contre le cancer. Trois étude britanniques se sont penchées sur un nouvel usage de l’aspirine : réduire la mortalité des malades du cancer et limiter l’apparition de nouvelles métastases. D’autres études sont en cours pour approfondir cette piste.

>> Détournés pour se droguer

Les médicaments susceptibles d’être détournés afin de se droguer sont nombreux et connus, ils font même l’objet d’une liste de l’Agence du médicament. C'est donc le type de détournement qui est le plus surveillé par les praticiens de santé. "L'utilisation de ce type de médicament est beaucoup plus verrouillée et fait l'objet d'une surveillance toute particulière", confirme pour Europe1.fr Jean-Luc Audhoui, directeur de la communication de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. Outre le Subutex, plusieurs produits sont particulièrement surveillés : Rivotril, Ritaline, Quasym, Stablon ou encore Xyrem.