Ces idées reçues sur le viol

Une campagne pour dénoncer les idées reçues sur le viol sera lancée vendredi.
Une campagne pour dénoncer les idées reçues sur le viol sera lancée vendredi. © Collectif féministe contre le viol
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Marion Sauveur , modifié à
ZOOM - Une campagne pour combattre les stéréotypes sera lancée vendredi.

"Rien ne devrait innocenter un violeur". Le Collectif féministe contre le viol lance vendredi une campagne pour combattre les idées reçues sur le viol. Trois affiches seront ainsi diffusées pour casser les stéréotypes sur le sujet.

Le viol, un phénomène marginal

→ Faux, assurent les associations de défense des victimes pour qui c'est un "crime massif". 

Il est vrai qu'il est difficile de connaître le chiffre exact du nombre de personnes violées chaque année. Car, selon les associations, qui s’appuient sur les statistiques de la police et de la gendarmerie au regard des enquêtes réalisées en parallèle, seule une victime de viol sur dix porte plainte. En 2011, les forces de l'ordre ont ainsi enregistré 10.406 viols dont une majeure partie (5.423) sur mineurs. Un chiffre stable par rapport aux années précédentes : 10.108 plaintes (2010), 9.842 (2009) ou encore 9.842 (2008). Ainsi, d'après les supputations des associations de défense des victimes de viol, le nombre réel de personnes violé se situerait plutôt autour de 100.000.

Globalement, en 2010, 405.000 personnes ont été victimes de violences sexuelles. Ce chiffre, qui englobe les viols et les agressions sexuelles, est tiré de la dernière étude de victimation, qui consiste à interroger un gros échantillon de la population entre 18 et 75 ans sur des faits dont ils ont pu être victimes les années précédentes et réalisée en 2010 par l'Insee et publiée dans le rapport de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales. Mais, encore une fois, il ne donne pas de chiffre précis sur le nombre de personnes violées.

Par ailleurs, selon les plaintes enregistrées, les agresseurs sont à 99% des hommes, indique Collectif féministe contre le viol.

Le viol est commis, le plus souvent, par un inconnu

→ Faux, selon les statistiques de la permanence téléphonique Viols-Femmes-Informations.

Les victimes, qui décrochent le téléphone pour se faire connaître auprès Collectif féministe contre le viol, expliquent connaître leur agresseur dans 83% des cas de viol. Toujours selon l'association, 50% des violeurs sont membres de la famille de la personne agressée ou figurent dans son entourage proche. Enfin, dans 34% des cas, le viol est commis au sein du couple.

Dans la majorité des cas, le viol familial - commis par des pères, des beaux-pères, des oncles ou des grands-pères, des frères ou des cousins, des conjoints ou des très proches amis de la famille - vient largement en tête, devant le viol conjugal, le viol commis par des amis des victimes, par des voisins, des relations de travail ou de simples connaissances. En dernière position se classe le viol commis par des inconnus.

La sociologue Véronique Le Goaziou a enquêté sur le sujet. Dans son ouvrage Le viol, aspects sociologiques d’un crime, elle explique que plus les auteurs et les victimes sont proches, plus les agressions sont longues et multipliées. A l’inverse, les viols commis par des agresseurs peu connus ou inconnus des victimes sont la plupart des cas des viols uniques.

Les filles provocantes se font majoritairement violer

→ Faux, rapportent les associations de défense des femmes. 

"Il n'y a pas de profil-type de victime de viol", assure Thalia Breton, co-responsable de l'association Osez le féminisme. Ni la tenue, ni le comportement d’une femme provoquent le viol, confirme-t-elle : "toutes les victimes de viols ne sont pas des bombes sexuelles qui se promènent en minijupe. Le seul point commun des victimes est d'être des femmes vues comme des objets".

De même, toutes les classes sociales sont concernées.

Les hommes ne sont pas victimes de viol

→ Faux, répondent les associations de défense des victimes.

Si une majorité des victimes de viol sont des femmes, une fois sur dix, il s'agit d'un homme, rapporte le Collectif féministe contre le viol. Dans la plupart des cas, "les hommes violés étaient mineurs au moment des faits", note l'association qui évoque aussi des viols en prison.

Le viol est largement puni

→ Faux, déplorent les associations de défense des victimes.

La législation reconnaît le viol comme un crime depuis 32 ans. "Dans les faits, il est peu puni", estime le Collectif féministe contre le viol. La raison ? Moins de 10% des victimes portent plainte et seuls 2% des violeurs mis en cause sont condamnés. Ce chiffre très faible est notamment dû aux rétractations de 22% des personnes agressées, qui sont victimes de la pression de leur entourage, qui remet souvent en doute leurs accusations. Pire encore de nombreux viols sont déqualifiés en agressions sexuelles.