Ces Chinois qui ont soif de vin français

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avec Stéphane Place à Bordeaux , modifié à
Un grand cru classé de Saint-Emilion a été racheté par un investisseur de Chine.

"C’est un passionné de vin". Jean-François Quenin, président du Conseil des Vins de Saint-Emilion, a rencontré le tout nouveau propriétaire du château de Bellefont-Belcier. Pour la première fois, c’est un premier cru classé qui est racheté par un investisseur chinois, pour un total qui avoisinerait les 26 millions d’euros.

"C’est quelqu’un de très sympathique qui a des ambitions importantes dont il m’a parlé", ajoute Jean-François Quenin. "Je pense qu’il va avoir une politique qualitative et d’investissement", estime-t-il ajoutant que le nouveau propriétaire "est un amoureux du vin".

"Se féliciter que les Chinois aiment autant les vins français"

Ce n’est pas la première fois qu’un domaine viticole français est racheté par un investisseur chinois. Une trentaine de châteaux – sur les 8.000 que compte la région viticole - ont été acquis depuis cinq ans. Et  les analystes du secteur et spécialistes de l'immobilier viticole préviennent que la vague d'achats va progressivement porter sur des châteaux de plus en plus prestigieux. Mais la profession se refuse encore à parler d'une "ruée".

"Jusqu’à présent les Chinois avaient racheté des domaines pas très connus. Là, la donne change, ils s’intéressent à des domaines de plus en plus prestigieux", observe Denis Saverot, directeur de la revue du vin de France, interrogé sur Europe 1. "Et on peut se féliciter que les Chinois aiment autant les vins français" estime le spécialiste, rejetant l’idée d’une OPA des Chinois sur nos vignobles. "C’est une reconnaissance de la qualité des grands vins français", précise-t-il.

"Toujours du made in France"

Et il n’y a pas que le Bordelais que convoitent les Chinois et les Hong-Kongais. En août, c'est un nom prestigieux de Bourgogne, Gevrey-Chambertin, qui avait été acquis par un investisseur chinois, pour une somme avoisinant les 8 millions d'euros.

L’Empire du milieu est d'ailleurs devenu, depuis l'an dernier, la première destination à l'exportation des vins de Bordeaux. "Preuve de l’émergence d’une classe moyenne en Chine", observe Denis Saverot, qui souligne qu’"il y a une différence fondamentale entre le rachat d’un vignoble - par un Chinois ou un Indien - et d’une usine. Si nous ne sommes jamais sûrs que l’usine sera toujours en France trois ans après, le domaine viticole lui restera là, il n’est pas transférable. Ca restera toujours du "made in France"".