Carlton : les juges mis en cause

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avec Lionel Gougelot , modifié à
L'avocat de la défense dénonce notamment un non-respect des règles de droit.

Nouveau rebondissement dans l'affaire dite du Carlton de Lille.  L'avocat de la défense Eric Dupond-Moretti demande au parquet général de dessaisir les juges en charge du dossier. Dans sa demande, Me Dupond-Moretti se livre à une véritable attaque en règle du travail des juges d'instruction. L'avocat de David Roquet dénonce d'abord une attitude déloyale des magistrats pour justifier leur premier refus de remise en liberté du salarié du groupe Eiffage.

"La presse est informée de choses dont la défense n’a pas connaissance. On va nous cacher des tas de pièces, c’est contraire à tous les principes donc déloyauté", déplore sur Europe1, Me Dupond-Moretti.

"Des questions qui paraissent scandaleuses" :

Eric Dupond-Moretti pointe également le non-respect des règles de droit mais aussi la volonté délibérée des juges de cacher aux avocats de la défense des procès verbaux d'audition des protagonistes de l'affaire. Il s'agit notamment de témoignages de plusieurs prostituées, entendues ces dernières semaines par les enquêteurs. Mais l'avocat lillois va plus loin. Il considère que les juges ont outre passé leurs droits en s’immisçant dans la vie privée de certains mis en examen, notamment en les interrogeant sur leurs pratiques sexuelles ou sur des aspects très intimes de la sexualité masculine.

"On demande à un mis en examen s’il est impuissant. Qu’est-ce que ça veut dire ? Où est-ce qu’on est ? Dans la dérive", ajoute Me Dupond-Moretti.

Une caricature de DSK

Enfin, ce qui a fait bondir l'avocat, c'est la découverte lors de la dernière audition de David Roquet, d'un dessin, une caricature de Dominique Strauss-Kahn affichée sur l'armoire qui contient le dossier Carlton dans le cabinet de la juge d'instruction. Une initiative déplacée qui "disqualifie" les magistrats instructeurs.

"Les juges ont eu l’imprudence de laisser l’armoire ouverte de sorte que M. Roquet et Alice Cohen-Sabhan, ma collaboratrice qui l’assistait, on pu remarquer la caricature", précise Me Dupond-Moretti. "Cela figure au procès-verbal. Il me semble nécessaire que la justice remette ces trois juges à leur place", conclut l'avocat de la défense.

David Roquet, ex-directeur d'une filiale du groupe Eiffage a été mis en examen pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" le 14 octobre. Il a été remis en liberté vendredi dernier après trois mois et demi de détention.