Cannabis : les limites du test salivaire

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Une étude scientifique a montré d’importantes marges d’erreur dans la détection de drogue.

 

Le dépistage salivaire de stupéfiants enregistre un taux d'erreur conséquent, selon plusieurs études. Or ce type de test est de plus en plus utilisé par les forces de l’ordre lors de contrôles sur des conducteurs suspectés d'avoir consommé de la drogue.

 

Spécialiste en toxicologie et pharmacocinétique, le docteur Patrick Mura pointe les "piètres performances" du test salivaire RapidState. Ainsi, selon une étude menée en 2010 au C.H.U. de Poitiers, sur 740 échantillons, 10,1% se sont révélés être des faux positifs : les conducteurs se sont vus accusé à tort d’avoir consommé du cannabis.

 

"Plusieurs études récentes ont montré que sa mise en œuvre est à l’origine d’un grand nombre de résultats faussement positifs ou faussement négatifs", affirme également l’Académie nationale de pharmacie dans ses recommandations sur le dépistage de stupéfiants, adoptées mercredi dernier.

 

19% de faux négatifs

 

A l’inverse, 19% des tests se révèlent être de faux négatifs, des consommateurs de stupéfiant ont donc pu éviter la confiscation de leur permis grâce aux erreurs de l’outil de dépistage.

 

Quant aux automobilistes faussement contrôlés positifs, fait remarquer Le Parisien qui consacre un article à cette polémique naissante, cela n’empêchera pas à la police de leur confisquer leur permis jusqu’à l’obtention des résultats de la prise de sang. Dans ce cas, ajoute le quotidien, "il n’y a rien à faire à part attendre, même si on est persuadé de ne pas avoir consommé de cannabis".

 

Une procédure généralisée depuis 2008

 

Une loi de 2003 a créé le délit de conduite d’un véhicule après usage de stupéfiants. Cette infraction devait alors être établie par une analyse sanguine, précédée d’un dépistage urinaire. Problème : la démarche s’est révélée contraignante.

 

Un dépistage simplifié à partir de la salive a donc été mis en place en 2008 pour détecter, entre autres drogues, le cannabis. Si ce test s’avère positif, il est alors suivi d'une prise de sang qui infirme ou confirme devant la loi ce résultat.

"Seul le contrôle sanguin permet de confirmer" l’usage de ces substances, rappelle l’Académie qui conseille de "de ne mettre des outils de dépistage entre les mains de non professionnels de la santé, qu’après un avis scientifique des instances compétentes".