Cancer : où en êtes-vous avec les idées reçues ?

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Europe1.fr passe en revue tous ces clichés sur le cancer qui ont la vie dure et malmène la prévention.

• Le contexte. La lutte contre le cancer est l’un de ces chantiers que les présidents de la République se transmettent consciencieusement à chaque nouvelle mandature. François Hollande n’y fait pas exception et s’est exprimé mardi sur le sujet, dans le cadre des quatrièmes Rencontres annuelles de l'Institut National du Cancer. La lutte contre le cancer, c’est aussi l’affaire de chacun, mais la prévention butte encore sur de nombreux clichés.

>> Europe1.fr fait le tri parmi toutes ces idées reçues pour vous permettre d'y voir plus clair.

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• L’idée reçue : la génétique qui expliquerait tout. Ce qui expliquerait que certaines familles sont particulièrement frappées par le cancer.
> La réponse. "Le cancer est une maladie du génome : il a toujours pour origine une mutation génétique", rappelle l’Inserm. De là à dire que la génétique explique presque tous les cancers, il y a un pas que trop de Français franchissent : le cancer est bien une maladie qui modifie les gènes mais elle n’est pas héréditaire. En effet, seuls 5 à 10% des cancers s’expliquent par des prédispositions génétiques : les principaux facteurs sont à aller chercher du côté des modes de vie (tabac, alcool, pollution) et de l’alimentation (plus de précisions en fin d’article).
La source.L’institut national de la santé et de la recherche médicale.

L’idée reçue : le cancer est contagieux.
> La réponse. C’est évidemment faux, le cancer résulte d’une mutation des cellules du malade, ce n’est pas un virus. Il n’y a donc aucun risque qu’un cancéreux transmette sa maladie, même si les spécialistes de santé utilisent le terme "épidémie" pour décrire la récente augmentation du nombre de cancers diagnostiqués.
La source.La société canadienne du cancer.

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L’idée reçue : il existerait des "régimes anticancers". C’est notamment la thèse des professeurs David Khayat, auteur de Le Vrai régime anticancer, et David Servan-Schreiber, auteur de Anticancer. Ne consommer que de l’ail, des grenades ou du maquereau permettrait ainsi de réduire le risque de tumeur.
> La réponse. Si certains aliments contiennent bien beaucoup d’antioxydants, ils n’empêchent pas pour autant l’apparition du cancer : l’alimentation n’est qu’un facteur parmi d’autres et elle doit surtout être le plus variée possible. Se limiter à certains aliments est donc inutile et triste pour vos papilles.
La source. Une étude publiée en 2010 et réalisée par l'European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition (EPIC), qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé.

L’idée reçue : le four micro-onde, piège à cancer.
> La réponse. Aucune étude scientifique n’a prouvé que le fait de cuire ou réchauffer ainsi ses aliments augmente le risque de cancer. L’usage dans un micro-onde de contenants en plastique, de type tupperware, fait en revanche débat, comme c’est le cas avec le bisphénol A. Certaines molécules du plastique sont soupçonnées de fuir vers l’aliment lors de la cuisson.
La source. La société canadienne du cancer.

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L’idée reçue : les prothèses mammaires gonfleraient le risque. Le fait d’intégrer un corps étranger dans son organisme est probablement à l’origine de cette croyance, renforcée par les révélations du scandale des prothèses PIP.
> La réponse. Ce lien est encore recherché mais aucune étude n’est affirmative. Parmi les dernières recherches d’ampleur, une étude danoise menées pendant 30 ans sur 30.000 femmes n’a ainsi établi aucun risque. Même son de cloche du côté de la FDA américaine, qui développe néanmoins une autre piste : le contenant des prothèses, et non le contenu, pourrait exceptionnellement favoriser le lymphome anaplasique à grandes cellules. Une Américaine sur 500.000 serait concernée chaque année, une proportion encore trop ténue pour établir un lien formel.
Les sources. L’US Food and Drug Administration (Etats-Unis) et l’Institute of Cancer Epidemiology (Danemark).

L’idée reçue : les déodorants en aérosol le diffuseraient. Venue des Etats-Unis, cette rumeur affirme que les déodorants à spray favoriseraient les tumeurs à cause des anti-sudorifiques qu’ils contiennent, les sels d’aluminium.
> La réponse. Un lien avec le cancer n’a jamais été démontré mais l’Afssaps a décidé en 2011 de limiter la concentration de ces sels. Ce composant pourrait notamment provoquer des complications hématologiques ou osseuses. Prudence donc.
La source. Un rapport d’expertise de l’ ANSM, ex-Afssaps.

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L’idée reçue : la friture et le barbecue y contribuent.
> La réponse. C’est faux jusqu’à un certain point : consommer des aliments ainsi cuits n’augmente pas le risque de cancer si cela n’est pas trop fréquent. En revanche, une consommation régulière et un mauvais usage de son barbecue, notamment lorsque les aliments sont presque carbonisés, sont suspectés de favoriser le cancer.
La source. Un article du quotidien canadien La Presse.

L’idée reçue : un café, l’addition… et un cancer ? La consommation régulière de café a un temps été suspectée de favoriser les tumeurs
> La réponse. Un tel lien a rapidement été écarté, notamment par une étude réalisée en 2007. La FDA américaine recommande même le café comme une alternative aux sodas pour éviter de trop boire sucré.
La source. Le World Cancer Research Fund.

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L’idée reçue : le vin, un remède miracle ?
> La réponse. C’est totalement faux. Si le vin, à petite dose, réduit les risques cardio-vasculaires, il n’a aucun effet sur le cancer. Il peut même être un facteur aggravant, notamment pour les cancers buccaux et du pharynx.
La source. La fiche Alcool et cancers éditée par l’Institut national du cancer.

L’idée reçue : téléphones portables et antennes relais inquiètent.
> La réponse. Les études se multiplient mais leurs résultats divergent. Prudent, le Centre International de Recherche sur le Cancer, qui dépend de l’OMS, a considéré les ondes radio comme un "possible cancérigène" en 2011, ce que démentait quelques mois plus tard une étude du British Medical Journal. La justice italienne vient, elle, de reconnaitre une tumeur causée par l'usage intensif du téléphone portable. Affaire à suivre.
Les sources. Le CIRC et le British Medical Journal.

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L’idée reçue : les OGM sont cancérigènes.
> La réponse. Comme pour le téléphone portable, les effets de la consommation d’aliments génétiques font encore l’objet de recherches très contestées tant les enjeux économiques sont énormes. A ce jour, aucun lien de causalité n’a encore été formellement identifié.
Les sources. Les études s’accumulent sans qu’un consensus ne se dégage. Dernier épisode en date : la polémique Seralini.

>>> Les facteurs incontestés
Si le cancer a rarement des origines génétiques, il est en revanche presque toujours lié à l’environnement et au mode de vie. Voici les principaux facteurs qui favorisent les tumeurs.

Le tabac et l’alcool. C’est une évidence que certains fumeurs préfèrent ignorer : la cigarette et ses dérivées joue un rôle central dans 85 % des cancers du poumon. Le cannabis n'échappe pas à la règle. Quand à l’alcool, sa consommation excessive est l’une des principales causes des tumeurs de la gorge et de l'œsophage.

L’obésité et une alimentation déséquilibrée. Ils sont souvent un facteur central pour les cancers du sein, de la prostate ou du côlon. Une alimentation équilibrée qui intègre des fruits et légumes et le fait de cuisiner soi-même sont donc les meilleurs adversaires du cancer. A l’inverse, les aliments gras, trop salés ou sucrés et le recours quasi-systématique aux plats préparés sont à proscrire.

La sédentarité. La meilleure manière de maintenir son corps en bon état est de faire du sport. A contrario, ne pas en faire augmente le risque de complications médicales, dont des cancers.

Le soleil et les  rayonnements ionisants. Le soleil est indispensable mais trop s’y exposer est dangereux : il brûle les cellules et favorise les mélanomes, c’est-à-dire les cancers de la peau.  De même, le recours aux cabines de bronzage n’est pas recommandé : le risque de mélanome cutané augmente alors en moyenne de 20%, il est même multiplié par deux pour les usagers qui commencent à bronzer artificiellement avant l’âge de 35 ans. Ces cabines sont donc à éviter, tout comme l’exposition au soleil d’été entre 12h et 16h.