Bourde à l’agrégation d’histoire

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avec AFP , modifié à
En histoire médiévale, un texte de 1964, et pas de 1415, a été proposé. L’épreuve est maintenue.

C’est une erreur rarissime qui a eu lieu en avril dernier lors de l’épreuve d’histoire médiévale de l’agrégation d’histoire. Le texte choisi par deux historiennes ne datait pas de 1415 comme elles le pensaient mais était en fait un pastiche de 1964 totalement avoué par son auteur, rapportent le site Internet de Mediapart et le blog Sciences2 de Libération.

Les deux historiennes ont fauté par souci d'équité en tenant à proposer un texte qui n’aurait pas été étudié par certains postulants, sur le thème "structures et dynamiques religieuses dans les sociétés de l’Occident latin du troisième concile de Latran (1179) à la fin du concile de Bâle (1449)".

Le texte censé daté de 1415 s'est en fait avéré être un journal fictif écrit par un historien du 20e siècle. Palémon Glorieux avait choisi de se mettre dans la peau d'un des participants du concile de Constance, Jacques Cerisy, secrétaire du théologien Jean de Gerson, chancelier de l'Université de Paris. L'ouvrage, basé sur des documents authentiques, est paru en 1964. L’auteur le mentionne d’ailleurs explicitement dans l’introduction de son œuvre. "Je me suis permis de prêter ma plume au secrétaire de Gerson. Parcat lector (que le lecteur soit indulgent ndlr)", écrit-il entre autres.

Le ministère maintient les résultats de l’épreuve

Ce sont des étudiants qui ont dévoilé l'erreur suite à une petite enquête peu après l'épreuve. Ils ont rapidement été repris par Mediapart et le blog de Sciences2 de Libération. De nombreux forums sur le sujet se sont constitués, avec des discussions entre étudiants et historiens pour aborder ce fait rarissime. "Je n’en reviens pas… C'est à en pleurer, tellement cette erreur est pathétique d'incompétence, de laisser-aller intellectuel et moral", estime par exemple Victorian sur le blog passion-histoire.net. "Ça fait quand même bizarre d’avoir planché 7 heures sur un texte que l’on croyait d’époque puis de se rendre compte que c’était tout autre chose", commente pour sa part InnocentIII.

Le débat de maintenir ou non les épreuves suivantes s’est posé, jusqu’à la décision finale du ministère de l’Education qui a estimé que l’agrégation devait se poursuivre. "Si le ministère comprend tout à fait que cette situation puisse faire réagir ceux qui enseignent et aiment l'histoire, il apparaît qu'en l'espèce l'égalité de traitement a été maintenue entre tous les candidats et que l'épreuve n'était pas hors programme", écrit le ministère dans un communiqué.