Botulisme : les fabricants bientôt entendus

L'aliment commun à toutes ces cas de botulisme : cette tapenade verte en conserve.
L'aliment commun à toutes ces cas de botulisme : cette tapenade verte en conserve. © MAX PPP
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avec Nathalie Chevance , modifié à
- Une enquête préliminaire a été ouverte suite aux cas de botulisme dus à de la tapenade.

C'est une intoxication extrêmement rare. Huit cas graves de botulisme ont été détectés dans le Vaucluse et dans la Somme. En cause : de la tapenade verte aux amandes fabriquée de façon artisanale à Cavaillon par un couple de sexagénaires possédant une boutique, "Les délices de Marie-Claire", qui a immédiatement été fermée. Ce couple va être entendu mercredi par les gendarmes, selon les informations recueillies par Europe 1. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet d'Avignon.

Selon les premiers éléments de l'enquête, les services vétérinaires n'ont jamais eu l'occasion d'inspecter le petit atelier dans lequel les règles d'hygiène n'étaient pas respectées. Et pour cause : le couple, qui travaillait depuis des années, n'avait jamais déclaré son activité de conserverie. Ils auraient pêché par ignorance de la réglementation.

Une "lessiveuse" pour la conserverie

Les fabricants n'avaient pas le matériel de stérilisation adapté, a indiqué mardi sur Europe 1 la secrétaire générale de la préfecture du Vaucluse. Le couple utilisait une "sorte de lessiveuse", employée couramment dans les familles. Or c'est en général un défaut de stérilisation des conserves qui est à l'origine du botulisme.

Cette maladie est rare, mais pas exceptionnelle en France : on en recense une vingtaine de cas chaque année. Très dangereuse, elle n'est cependant pas contagieuse, souligne la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) du ministère.

Les produits concernés sont rappelés

La DGCCRF demande à toute personne ayant acheté le produit de ne pas le consommer et de le rapporter, si c'est possible, sur le lieu d'achat. Les autorités sanitaires ont aussi demandé au professionnel de procéder au retrait par précaution de toutes les conserves fabriquées dans son établissement. Le lot concerné comporte environ une soixantaine de bocaux de fabrication artisanale commercialisés sous la marque "Les délices de Marie-Claire" dans les épiceries des Bouches-du-Rhône, de la Drôme, du Var et du Vaucluse.

Mardi soir, la préfecture du Vaucluse a annoncé que le fabricant des produits, "La ruche", commercialisait également des conserves sous une autre marque, "Terre de Mistral". "Les produits concernés sont les suivants : tapenades, anchoïades, tomates séchées, thoïonade, tartinades, caviar d'aubergines, pesto sauce pistou, poivronnade, poichichade et artichonade", précise la préfecture, ajoutant que "ces produits sont vendus en pots de verre de 180 grammes uniquement". Les personnes qui détiendraient les conserves de cette marque sont également invités à ne pas les consommer et à les ramener au point de vente.

"Il est recommandé aux personnes qui auraient consommé l'un de ces produits et qui présenteraient des douleurs abdominales, des vomissements, des troubles digestifs ou des troubles de la vision de consulter au plus vite un médecin", met en garde la préfecture qui souligne qu'"une prise en charge rapide permet en effet de limiter les atteintes graves à la santé".

Sur les cinq personnes hospitalisées à Avignon, une octogénaire avait toujours son pronostic vital engagé. Les trois jeunes femmes de la Somme ont pour leur part été placées sous respirateur artificiel au CHU d'Amiens, l'établissement précisant que leur état est "stabilisé".