Bientôt un médicament contre l'addiction au cannabis ?

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Alexis Toulon avec AFP , modifié à
SANTÉ - Des chercheurs ont découvert qu'une molécule produite par le cerveau constituait un mécanisme naturel de défense.

Le cannabis est l'une des drogues les plus consommées au monde. L’addiction concerne plus de 20 millions de personnes dans le monde dont 500.000 rien qu’en France. Chez les 16-24 ans, un tiers des jeunes en consomme. Parmi les effets néfaste les plus connus figurent des déficits cognitifs et notamment des troubles de la mémoire ainsi qu'une perte générale de la motivation. Alors que jeudi le Colorado a ouvert ses premiers "coffee shops", des chercheurs de l’Inserm ont fait un pas en avant dans le traitement de l’addiction à la consommation de cannabis.

Que fait le THC sur le corps ? Lorsqu’une personne fume du cannabis, le THC agit sur le cerveau via des récepteurs situés sur les neurones. Une fois installé, il libère de la dopamine qui les détourne de leurs fonctions habituelles : réguler la prise alimentaire, le plaisir, le métabolisme etc. En contrepartie, il peut provoquer une diminution des capacités de mémorisation, une démotivation et une forte dépendance, notent les chercheurs de l’Inserm.

Comment le contrer ? Les équipes de l’Inserm dirigées par Pier Vincenzo Piazza et Giovanni Marsicano ont découvert une hormone naturellement produite par le cerveau, la prégnénolone, dont l’action pourrait contrer les effets du cannabis et de la dépendance qui en résulte. En administrant de fortes doses de cannabis à des rats et des souris, les chercheurs ont réussi à augmenter la concentration cérébrale de la prégnénolone dans leur cerveau et à bloquer les effets néfastes du principe actif du cannabis (le THC) qui agit sur des récepteurs cannabinoides (CB1) situés sur les neurones.

 

Le rôle de la prégnénolone. Mais comme le précise Pier Vincezo Piazza, à la tête de l’équipe qui a découvert le processus, "cette hormone ne pourra pas être utilisée telle quelle comme médicament car elle est mal absorbée et rapidement métabolisée par l'organisme". En effet, son effet ne dépasse pas deux heures, ce qui est trop court pour être vraiment efficace.

Vers un traitement de l’addiction au cannabis ? Les chercheurs ont donc "développé des dérivés de la prégnénolone qui sont stables et bien absorbés et qui sont en principe utilisables comme médicament". L’Inserm espère pourvoir commencer bientôt des essais cliniques et ainsi, mettre au "la première thérapie pharmacologique de la dépendance au cannabis".

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