Bettencourt : chacun répète sa version

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G.V. avec agences , modifié à
L’ex-gestionnaire de fortune Patrice de Maistre a été confronté à plusieurs témoins du dossier.

Journée importante pour Patrice de Maistre, qui avait l'occasion de faire face à d'autres protagoniste de l'affaire Bettencourt, dont certains l'avaient mis en cause. L'ancien gestionnaire de fortune de l'héritière du groupe L'Oréal, incarcéré depuis le 23 mars, était convoqué vendredi à Bordeaux dans les bureaux du juge Jean-Michel Gentil pour des confrontations directes avec plusieurs protagonistes de l’affaire.

Patrice de Maistre, soupçonné d’évasion fiscale et de participation au financement illégal de la vie politique, a maintenu sa version, tout comme les autres convoqués du jour.

Des auditions dans une ambiance tendue

Peu d’informations ont filtré sur ces échanges mais l'ex-comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, a laissé entendre que la confrontation avait été tendue. "J'ai répété tout ce que j'avais dit depuis le début", a-t-elle confié.

A savoir qu’elle a enregistré d’importants transferts d’argent à la demande de Patrice de Masitre, qui lui aurait dit qu'ils étaient destinés à Eric Woerth, alors trésorier de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Selon elle, Patrice de Maistre "a pris l'argent et c'est tout", a assuré Claire Thibout.

De Maistre reste dans l’ignorance

Quant au principal intéressé, il a répété qu'il ignorait l’usage et les destinataires des fonds récoltés. "C'était une confrontation très intéressante et qui, à mon avis, a enfin permis à Patrice de Maistre de remettre les choses à leur juste place", ont estimé les avocats du gestionnaire de fortune.

Ces derniers ont ensuite esquissé une nouvelle argumentation, celle d’un lampiste aux ordres des héritiers du groupe L’Oréal. "Les donneurs d'ordres étaient la famille Bettencourt et monsieur De Maistre a joué la courroie de transmission", a ainsi affirmé Me Pierre Haïk. "Monsieur De Maistre ne sait pas plus que Mme Thibout à quoi servaient les nombreuses enveloppes qu'elle remettait à Mme Bettencourt", a renchéri Me Jacqueline Laffont.

Une question : où est parti cet argent ?

Les juges cherchent, eux, à savoir ce qui est advenu de quatre millions d'euros en liquide dont Patrice de Maistre a supervisé le retour en France entre 2007 et 2009, depuis un compte en Suisse de l'héritière de L'Oréal.

Au vu de concomitances entre ces rapatriements, des rendez-vous entre Patrice de Maistre et Eric Woerth, et des déclarations de Claire Thibout, les juges aimeraient savoir si l'argent a pu servir à financer illégalement la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Une autre confrontation par visioconférence est programmée par le juge le 14 juin avec René Merkt, avocat suisse impliqué dans des retraits d'espèces.