Banlieue : 6 départements aidés, pas plus?

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Pour réduire les inégalités dans les banlieues, la Cour des comptes préconise une aide ciblée.

Pas de ciblage et trop de saupoudrage… Voilà comment résumer la politique de la ville menée dans les quartiers populaires, selon le rapport publié mardi par la Cour des comptes. Après deux ans d'étude,  les conclusions des chercheurs de l’institution de la rue Cambon sont sans appel : les différentes actions publiques menées en faveur de la banlieue depuis dix ans n'ont pas permis de réduire la fracture urbaine. La juridiction recommande donc une réforme radicale de la géographie prioritaire.

Ainsi, les aides en faveurs des zones urbaines sensibles (ZUS) devraient, selon elle, se focaliser sur les six départements qui rencontrent "les plus grandes difficultés". A savoir : la Seine-Saint-Denis, le Val-d’Oise, l’Essonne, les Bouches-du-Rhône, le Nord et le Rhône, précise Le Parisien. En clair "concentrer l'effort" sur un nombre réduit de "cibles", dans un souci d'efficacité.

"La dilution des interventions"

Pour appuyer sa démonstration, l'organisme pointe du doigt "une géographie prioritaire trop complexe" actuellement et "la dilution des interventions sur un nombre trop important de zones, [qui] ont dès le départ pénalisé l'ensemble du dispositif". A titre d'exemple, la Seine-Saint-Denis est (juste après Paris), le "département dont l’enveloppe budgétaire est la plus faible", décrit la Cour des comptes, alors que le département est le plus déshérité d'Ile-de-France. En moyenne, "chaque habitant des quartiers prioritaires du département reçoit 31 € de crédits dédiés à la politique de la ville, soit 10 € de moins que la moyenne francilienne", développe Le Parisien.

751 zones urbaines sensibles (ZUS) sont concernées par cette recrudescence des inégalités. Dans ces territoires où vivent près de 8 millions d'habitants, le taux de chômage est en effet deux fois supérieur à la moyenne nationale, le niveau de vie moyen des ménages est quant à lui deux fois moins élevé que dans le reste du pays et la part des personnes vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté, précise Le Monde. "La situation économique des habitants des quartiers rénovés n'a pas vraiment progressé et la pauvreté y demeure à des niveaux élevés", indique la Cour des comptes.

Le constat de la Cour des comptes ne "surprend" pas François Lamy, le ministre délégué chargé de la Ville, qui a indiqué mardi sur Europe 1 qu'il allait lancer une concertation pour "arriver à une nouvelle carte qui soit plus adaptée à la réalité". "Mon objectif, c'est qu'on simplifie", a-t-il lancé, plaidant aussi pour que les opérations de rénovation urbaine soient accompagnées d'un "volet cohésion sociale", de "l'intervention de l'ensemble des ministères : Education, Intérieur, Santé..."