Bactérie : des graines germées anglaises en cause?

Sept malades ont participé le 8 juin à une kermesse dans un centre de loisirs de Bègles.
Sept malades ont participé le 8 juin à une kermesse dans un centre de loisirs de Bègles. © Stéphane Place pour Europe 1.
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avec Stéphane Place et AFP , modifié à
- Dix habitants de Bègles ont été diagnostiqués. Un cas s'est aggravé samedi.

La consommation de graines germées pourrait bien être à l’origine des graves diarrhées sanglantes dont sont victimes plusieurs personnes de la région bordelaise depuis jeudi, selon les informations obtenues par Europe 1. L'Agence régionale de santé d’Aquitaine privilégie cette piste depuis vendredi, après avoir déterminé que les cas signalés sont des personnes qui ont toutes consommé cet aliment. Le secrétaire d'Etat à la Consommation, Frédéric Lefebvre, a même mis en cause très directement des graines du fournisseur britannique Thompson & Morgan.

La même souche que les graines allemandes

Sept des dix personnes concernées ont participé le 8 juin à une kermesse à Bègles, en Gironde, dans un centre de loisirs où six d'entre elles auraient consommé des graines germées, ont indiqué vendredi les autorités sanitaires. Il s'agit de la même souche que celle détectée en Allemagne, toujours selon cette source.

"Elles ont fréquenté le Centre de loisirs de la petite enfance (CLPE) de Bègles le 8 juin, dans le cadre d’une kermesse de fin d’année", précise la préfecture de Gironde. Au moins six d’entre elles auraient consommé des graines germées, saupoudrées sur des soupes, selon la même source.

"Ce que nous savons, c'est que la mairie de Bègles a acheté six sachets de graines alimentaires (...) qui ont été servies à la kermesse du 8 juin. Ces graines seraient porteuses de la souche E104, exactement la même que celle qui a provoqué le drame allemand", a affirmé Noël Mamère, député-maire de Bègles, samedi sur Europe 1.

La bactérie E.coli déjà identifiée chez un patient

Au total, dix personnes souffrant de diarrhées sanglantes graves avaient été recensées jeudi par les autorités sanitaires en Gironde. Cinq d'entre elles sont toujours hospitalisées samedi dans différents établissements de Bordeaux, dont trois avec un syndrome hémolytique et urémique (SHU) plus sérieux car il atteint notamment les reins. Deux personnes sont en réanimation, "une dont l'état de santé s'améliore" et "une dont le cas aurait tendance à s'aggraver sans pouvoir dire que le pronostic vital est engagé", a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'Agence régionale de santé. "Cette personne, une dame de 78 ans, était déjà dans un état inquiétant" dès sa prise en charge, a souligné la directrice générale de l'Agence régionale de santé d'Aquitaine, Nicole Klein.

Les quatre autres personnes hospitalisées sont dans un état stationnaire ou en voie d'amélioration. La présence de la bactérie E.coli est pour le moment confirmée chez un patient, avait annoncé vendredi sur France 2 le ministre de la Santé Xavier Bertrand.

"Aujourd’hui, les personnes qui sont malades sont traitées dans les hôpitaux, il y a des personnes qui sont sérieusement atteintes mais dont le pronostic vital n’est pas engagé", a déclaré Noël Mamère, maire de Bègles, vendredi soir sur Europe 1.

Trois femmes, âgées de 41 à 65 ans, sont encore hospitalisées pour une dégradation de la fonction rénale, dont l'une était toujours en réanimation. Elles ont été hospitalisées au centre hospitalier universitaire Pellegrin de Bordeaux et placées sous dialyse. Deux autres patients, initialement hospitalisés, ont pu rentrer chez eux.

Pour tenter d'en savoir plus, des prélèvements biologiques de souches et de selles ont été envoyés à l'Institut Pasteur à Paris et à l'hôpital Robert Debré "pour recherche des gènes de E.coli enterohémorragiques". La recherche épidémiologique a été confiée à la cellule interrégionale d'épidémiologie et à l'Agence Régionale de Santé (ARS) d'Aquitaine.

Retrait de la vente pour certaines graines

Frédéric Lefebvre a demandé vendredi soir le retrait de la vente des graines de fenugrec, de moutarde et de roquette du fournisseur britannique Thompson & Morgan. L'entreprise a défendu ses produits samedi : "Pendant des années, nous avons vendu des centaines de milliers de paquets de graines germées au Royaume-Uni et en Europe et notamment plus de 100.000 en France (...) et aucun problème n'a jamais été signalé", a souligné le groupe, dénonçant le "lien infondé établi entre ces intoxications et la consommation de graines germées".

Thompson & Morgan a fourni aux autorités britanniques des échantillons des trois graines incriminées, du fenugrec, de la moutarde et de la roquette achetées dans un magasin Jardiland qui se fournit en Grande-Bretagne, pour que des tests soient réalisés. Les résultats seront connus "d'ici quelques jours".