Avec Lejaby, Arnault soigne son image

En sauvant ces 93 salariés, le patron de LVMH se montrer concerné par les problèmes sociaux.
En sauvant ces 93 salariés, le patron de LVMH se montrer concerné par les problèmes sociaux. © REUTERS
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Stéphanie de Silguy et Olivier Samain , modifié à
En sauvant ces 93 salariés, le patron de LVMH veut se montrer concerné par les problèmes sociaux.

Mercredi, 14h30. Les 93 salariés de Lejaby apprennent que leurs emplois sont sauvés grâce à un fournisseur de LVMH. En moins de 10 jours, et quelques coups de téléphone passés à bon escient, la situation s'est débloquée. D’après le ministre Laurent Wauquiez, le président de la République s’est personnellement impliqué dans le dossier. Mais derrière ce retournement de situation, il y a aussi un homme : Bernard Arnault dont le bras droit n’est autre que Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur entre 1993 et 1995.

Et apparemment, Bernard Arnault tient à ce que la nouvelle se sache. Deux heures après l’annonce du sauvetage, le groupe de luxe dont il est le patron publiait le communiqué suivant : "Nous sommes fiers aujourd'hui de faciliter le sauvetage des emplois du site d'Yssingeaux et de contribuer ainsi à la bataille pour l'emploi en France."

Sur Europe 1 vendredi, il s'est dit "très fier" de la reprise de Lejaby :

Un "cost-killer"

Pourtant cet homme, à la tête d’une fortune de 31 milliards d’euros, a longtemps eu la réputation de "cost-killer". Fils d’un industriel du Nord, Bernard Arnault démarre, dans les années 70, en rachetant l’empire de textile Boussac qui comprend notamment Christian Dior, Conforama ou encore Le Bon marché. Quelques mois plus tard, il taille dans les effectifs et ferme les usines qui ne sont pas rentables pour ne garder que la pépite du groupe : Christian Dior.
 
C’est d’ailleurs à partir de cette marque de luxe que le 4e homme le plus riche du monde selon Forbes bâtira toute sa fortune. Dès les années 80, il construit son empire. Il rachète Moët-Hennessy et devient en 1989, président directeur général de LVMH. Bernard Arnault multiplie ensuite les investissements dans tous les domaines du luxe : Vuitton, Céline, Kenzo, Berlutti, Sephora ou encore Tag Huer.

Une offensive de charme

Ses apparitions dans les médias sont rares. Et pourtant, depuis plusieurs années, Bernard Arnault, le patron du numéro un mondial du luxe, soigne son image et celle de son entreprise qu’il veut "citoyenne". Pour l’homme d’affaires, il faut faire cohabiter les finalités économiques et sociales.
 
Homme le plus riche de France depuis 2005 avec la famille Bettencourt, Bernard Arnault souhaite désormais conquérir l’opinion publique. Il accepte d’ailleurs de participer à un documentaire sur sa vie, "L’ enfance est un destin", où il dévoile son intimité à Guillaume Durand.
 
Autre piste pour montrer une autre face que celle de l’homme d’affaires, Bernard Arnault se lance dans le mécénat et parraine des expositions dont celle de Picasso au Grand Palais en 2008. Sa fondation crée le “prix LVMH des jeunes créateurs”, un concours international ouvert aux étudiants des écoles des Beaux Arts en France et dans le monde. Tous les ans, six bourses d’études sont attribuées aux lauréats. Le groupe met également à la disposition de jeunes musiciens des violons confectionnés par Stradivarius.
 
Enfin, la future fondation Louis Vuitton installée dans le jardin d’acclimatation de Paris d’ici 2013 vise à montrer la continuité du groupe en faveur de l’art et de la création. C’est aussi un moyen de répondre à son concurrent et ennemi François Pinault. En 2005, ce dernier transformait le Palazzo Grassi de Venise en musée pour y installer sa fondation.
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