Auto-écoles : des disparités dénoncées

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avec AFP , modifié à
Une étude de la CLCV fustige la différence des prix selon les régions et l'opacité des pratiques. Benoît Hamon veut faire toute la lumière.

Pour passer son permis, mieux vaut vivre dans un endroit du sud de la France à la population dispersée. C'est en substance ce que souligne une étude de l'association de consommateurs CLCV (Consommation, logement et cadre de vie). Une enquête publiée jeudi par Le Parisien/Aujourd'hui en France pointe en effet le manque de transparence des auto-écoles en matière de tarifs et de pratiques et les disparités territoriales.

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Des prix pas toujours affichés. L'étude, réalisée auprès de 447 auto-écoles sur les quelque 11.000 recensées en France, souligne de nombreux manquement à la législation en place. L'affichage des prix à l'extérieur des écoles de conduite, comme l'exige la loi, est par exemple très peu respecté. Dans un tiers des cas les informations sont incomplètes ou incompréhensibles. Dans 10% des cas, ces affiches sont mêmes inexistantes.

"S'il veut comparer les prix, le consommateur n'a pas d'autres choix que d'entrer dans les locaux, où il risque de se retrouver face à un professionnel au discours commercial rodé et de perdre toute possibilité de signer en connaissance de cause", indique la CLCV au Parisien.

Des forfaits inadaptés au profit des auto-écoles. L'enquête évoque également  des forfaits inadaptés qui profitent aux auto-écoles. De nombreux établissements proposent en effet des forfaits de 20 heures de conduite, ce qui constitue le minimum légal pour pouvoir se présenter à l'examen, mais ce qui n'est généralement pas suffisant pour obtenir le sésame. Les auto-écoles facturent ainsi des heures supplémentaires souvent très onéreuses.

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Pour limiter  les abus, la CLCV propose ainsi d'instaurer une obligation de résultat pour les professionnels qui déterminent le nombre d'heures auxquels les conducteurs doivent s'astreindre. Objectif : offrir des forfaits réellement adaptés aux aptitudes des conducteurs.

800 euros à Lille… 1.400 à Paris. L'association fustige également les disparités géographiques puisque le forfait initial de 20 heures de conduite, d'un coût moyen de 1.067 euros peut grimper jusqu'à 1.425 euros à Paris et descendre à 780 euros à Lille, soit du simple au double.

"Nous avons observé des manquements graves dans certains établissements. Il existe ainsi un vrai flou des tarifs pratiqués par les auto-écoles. Avec une différence parfois abyssale entre le coût prévu pour passer son permis de conduire et le coût réel de son obtention. Et ce alors qu'aujourd'hui le permis de conduire constitue la plupart du temps une dépense contrainte", la plupart des employeurs l'exigeant lors d'une embauche", explique Olivier Gayraud, chargé de mission à CLCV.

Des taux de réussite variables. Même disparité concernant cette fois les taux de réussite en fonction des départements. CLCV souligne en effet que le taux de réussite à l'épreuve pratique sur route est extrêmement variable d'un département à l'autre. Il s'élève ainsi autour de 45% en 2011 à Paris et à 70% dans les Alpes de Haute-Provence. Le délai de présentation à l'examen est également très variable et peut changer du simple au triple.

Hamon compte saisir la répression des fraudes. "D'une manière générale, il convient d'homogénéiser l'obtention du permis de conduire afin que les candidats sachent dans quoi ils s'engagent et soient égaux dans toute la France", ajoute Olivier Gayraud. De son côté, Benoît Hamon, ministre délégué à l'Économie sociale et solidaire et à la Consommation, a promis jeudi sur Europe 1 que le gouvernement allait "regarder cela de près". Et de poursuivre : "très concrètement, je vais me saisir de cette alerte de la CLCV pour demander à la répression des fraudes de faire la lumière sur ce qui se passe dans les auto-écoles."