Areva : enquête préliminaire ouverte sur le rachat d'Uramin

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Cécile Buoanchaud avec AFP , modifié à
JUSTICE - Le parquet national financier a ouvert une enquête sur les conditions de rachat de la société minière canadienne Uramin, par Areva, en 2007.

Les conditions de rachat de la société minière canadienne Uramin, par Areva, en 2007, interpellent la justice. Le parquet national financier a en effet ouvert une enquête préliminaire visant notamment Anne Lauvergeon, l'ancienne patronne d'Areva entre 2001 et 2011. L'enquête vise des faits de "présentation ou publication de comptes inexacts ou infidèles", "diffusion d'informations fausses ou trompeuses", "faux et usage de faux".

Des conditions de rachat suspectes. Cette enquête, confiée à la brigade financière de la police judiciaire parisienne, fait suite à un signalement de la Cour des comptes, révèle Le Monde. Selon le quotidien, les Sages devraient rendre en mai un rapport définitif sur le groupe nucléaire français durant la période 2006-2012. Les enquêteurs attendent donc ce rapport pour débuter leurs investigations.

Mais selon les premiers éléments du rapport de la Cour des comptes, le rachat d'Uramin en 2007 s'est déroulé dans des conditions suspectes. D'abord parce que la société société canadienne Uramin avait été achetée à prix d'or - 2,5 milliards de dollars - alors que ses ressources minières étaient loin d'être avérées. Après le départ d'Anne Lauvergeon, évincée avec l'aval de l'Elysée à la mi-2011, Areva avait d'ailleurs divisé par cinq la valeur comptable d'Uramin. Ensuite parce que la direction d'Areva a fait apparaître tardivement dans ses comptes cet achat.

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Des dysfonctionnement de gouvernance selon un rapport. En mars 2012, un rapport parlementaire avait largement repris les conclusions du comité d'enquête interne d'Areva sur cette acquisition, qui avait estimé qu'elle n'avait pas donné lieu à des manoeuvres frauduleuses, mais avait été entachée par des "dysfonctionnements" en matière de gouvernance. Ce rapport soulignait des "carences" tant du côté d'Areva que de l'Agence des participations de l'Etat (APE), l'organisme qui défend les intérêts de l'Etat au sein de ce groupe public à 87%, dans leurs échanges lors de l'acquisition d'Uramin par le groupe nucléaire public.

Anne Lauvergeon s'explique. Dans un communiqué, Anne Lauvergeon a indiqué que l'acquisition d'Uramin était considérée comme "stratégique à l'époque", soulignant qu'"elle a été soumise et validée par toutes les instances de décision du groupe, et les règles de gouvernance ont été respectées". "La direction d'Areva ainsi que les autorités de tutelle - l'Agence des participations de l'Etat et le ministère de l'Industrie - se sont ainsi vus communiquer tous les éléments d'informations sur cette opération. En outre des analyses et des études avaient été menées, dans le cadre de cette acquisition, par des tiers indépendants", a-t-elle ajouté.

Anne Lauvergeon estime également qu’il faut replacer l’achat dans son contexte, juste avant la crise des Subprime. "C'est vrai que nous avons acheté UraMin au mauvais moment", admet-elle au micro d’Europe 1. Elle ajoute également que le nucléaire, le prix et la consommation d’uranium a chuté suite à l’accident de Fukushima en 2011 et l'arrêt des réacteurs japonais.

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