Alcool : les policiers aussi souffleront

La direction de la police nationale veut instaurer un nouveau règlement plus strict en matière d'alcoolémie.
La direction de la police nationale veut instaurer un nouveau règlement plus strict en matière d'alcoolémie. © MAXPPP
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et Guillaume Biet , modifié à
La direction de la police nationale veut instaurer un nouveau règlement, plus strict.

L'info. Bientôt des contrôles inopinés d'alcool et de drogue dans les commissariats ? La direction de la police nationale doit en effet présenter dans une semaine un projet de nouveau règlement, selon les informations d'Europe 1. Au programme, un seuil d'alcool maximal pour les policiers abaissé et la possibilité de procéder en interne à des "contrôles surprises".

Lutter contre les suicides. La consommation d'alcool et de stupéfiants est déjà strictement interdite au sein de la police. Le ministère de l'Intérieur explique donc que l'objectif est de lutter contre les addictions, qui d'après une étude de l'INSERM, peuvent pousser certains policiers au suicide.

Une limite fixée à 0,10mg/litre d'air. Le nouveau règlement imposera un taux d'alcoolémie maximal de 0,10 mg par litre d'air expiré pour un policier en service, soit l'équivalent autorisé pour un chauffeur de car scolaire, selon le document qu'a pu consulter Europe 1. Jusqu'à présent, il n'y avait pas de règle établie et par défaut, la limite était fixée à 0,25 mg, comme pour n'importe quel conducteur.

Des contrôles collectifs. Et pour vérifier que les règles sont bien suivies, le projet prévoit des contrôles inopinés. En clair, un directeur pourra obliger tous les policiers d'un service à souffler dans l'éthylomètre et à subir un dépistage salivaire de drogue. De l'adjoint de sécurité au commissaire, personne ne pourra s'y soustraire.

Si l'un des policiers est contrôlé alors qu'il a bu, il sera désarmé mais son service pourra également être interrompu et l'agent pourra être conduit chez le médecin ou raccompagné chez lui, en fonction du "degré d'urgence", détaille l'agence de presse spécialisée AEF Sécurité globale. Dans le cas d'un contrôle positif aux stupéfiants, des procédures "administrative et judiciaire" seront en plus entamées à l'encontre du policier mis en cause et ses affaires pourront être perquisitionnées.

Des contrôles stigmatisants ? Ces contrôles aléatoires ne seront donc pas individuels, mais collectifs, pour ne pas être discriminatoires. Nicolas Comte, secrétaire général adjoint d'Unité SGP-Police, y voit tout de même une nouvelle stigmatisation des policiers. "On est dans une période où on leur explique que s'il y a un problème entre la police et la population, c'est de leur faute. Et que donc on va les stigmatiser en leur mettant un matricule. Aujourd'hui, on explique en plus qu'on va chercher s'ils ne sont pas tous ivres ou ayant consommé du cannabis", dénonce le syndicaliste sur Europe 1. "Je grossis un peu le trait mais au bout d'un moment, c'est vexatoire pour les policiers. Se sentir soupçonné en permanence, c'est difficile à vivre", ajoute-t-il.

D'autant que, selon les chiffres obtenus par Europe 1, il ne semble pas y avoir d'addiction massive. L'an dernier, seule une centaine de policiers ont été sanctionnés pour consommation d'alcool et moins d'une dizaine pour avoir pris de la drogue.