Affaire Merah : "on a frôlé la catastrophe"

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Frédéric Frangeul
Jean-Marie Pontaut, auteur d’un livre sur les tueries de Toulouse, pointe les "bavures" de la police.

"Il y a plusieurs moments où on aurait pu arrêter Mohammed Merah". Jean-Marie Pontaut, rédacteur en chef de L'Express et co-auteur du livre "Affaire Merah, l'enquête", est formel. Selon lui, le responsable de la tuerie de Toulouse aurait pu être interpellé après "plusieurs voyages à l'étranger et ensuite au moment des meurtres".

Merah est sorti de chez lui avant l’assaut

Dans son livre co-signé avec Eric Pelletier, Jean-Marie Pontaut revient en détail sur toute l’affaire Merah. Les deux journalistes ont pu établir avec certitude quelques heures avant l'assaut de son appartement, Mohammed Merah est sorti de chez lui. Et ce, alors que son domicile faisait l’objet d’une surveillance de la part des services de police.

Mohammed Merah a quitté son domicile "pour donner la caméra ayant enregistré les meurtres à une amie, puis pour passer deux coups de téléphone, depuis des cabines téléphoniques, à des chaînes de télévision", précise sur Europe 1 Jean-Marie Pontaut. "C'est invraisemblable, probablement l'une des bavures les plus importantes de l'affaire", juge-t-il

"On a frôlé la catastrophe car si Mohammed Merah n'était pas rentré chez lui, les policiers auraient investi un appartement vide et, le lendemain, il avait un programme pour continuer ses crimes et attaquer une nouvelle école juive". Pour le journaliste, "il y a là quelque chose qui est assez incompréhensible".

"Merah est un personnage assez étrange"

Jean-Marie Pontaut et Eric Pelletier se sont également penchés sur les éléments qui ont permis à Mohammed Merah de passer à travers les mailles du filet de la surveillance policière dont il a fait l’objet à la suite de plusieurs voyages  à l’étranger, et notamment en Afghanistan.

 "Les policiers vont le mettre sur écoute, le photographier pendant plusieurs mois mais ils ne vont rien trouver", explique Jean-Marie Pontaut. " Mohammed Merah est un personnage assez étrange car il est en dehors des critères habituels du contre-espionnage français : il n'est pas dans un réseau, il n'utilise pas de faux papiers, il ne présente pas de signes distinctifs", argumente-t-il.

"Les policiers n’identifient pas sa dangerosité"

Reste que, quand les policiers interrogent Mohammed Merah le 14 novembre dernier au retour d’un voyage au Pakistan, "ils n’identifient pas sa dangerosité". Ils se font berner par le djihadiste qui affirme avoir fait du tourisme, photos à l’appui. A ce moment-là, assure Jean-Marie Pontaut, "les policiers ne voient pas à qui ils ont à faire".